Dimitrov
Les gouvernements actuels des pays capitalistes sont des hommes provisoires,
le véritable maître du monde est le prolétariat - 20 août 1935
Le
VIIe congrès mondial de l'Internationale
communiste, le congrès des communistes de tous les pays et de
tous les continents du monde, termine ses travaux.
Quel
en est le bilan, qu'est-ce que le congrès représente
pour notre mouvement, pour la classe ouvrière mondiale, pour
les travailleurs de tous les pays ?
Ce
congrès a été le congrès du triomphe
complet de l'unité entre le prolétariat de l'Union
soviétique, - le pays où le socialisme a
vaincu, - et le prolétariat du monde capitaliste en
lutte pour son affranchissement. La victoire du socialisme dans
l'Union soviétique, victoire qui intéresse l'histoire
mondiale, provoque dans tous les pays capitalistes un puissant
mouvement vers le socialisme.
Cette victoire affermit l'oeuvre de
paix entre les peuples, en augmentant l'importance internationale de
l'Union soviétique et son rôle de puissant rempart des
travailleurs dans leur lutte contre le Capital, contre la réaction
et le fascisme.
Elle fortifie l'Union soviétique en tant que
base de la révolution prolétarienne mondiale.
Elle met
en mouvement dans le monde entier non seulement les ouvriers qui se
tournent de plus en plus vers le communisme, mais aussi des millions
de paysans, de petits travailleurs des villes, une partie
considérable des intellectuels, les peuples asservis des
colonies ; elle les remplit d'enthousiasme pour la lutte, elle
augmente leur attachement à la grande patrie de tous les
travailleurs, elle intensifie leur résolution de soutenir et
de défendre l'Etat prolétarien contre tous ses ennemis.
Cette
victoire du socialisme accroît la confiance du prolétariat
international dans ses propres forces et dans la possibilité
réelle de remporter sa propre victoire, confiance qui devient
elle-même une immense force en action contre la domination de
la bourgeoisie.
C'est
dans l'union des forces du prolétariat de l'Union soviétique
avec les forces de combat du prolétariat et des masses
travailleuses des pays capitalistes que réside la formidable
perspective d'un proche effondrement du capitalisme et la garantie de
la victoire du socialisme dans le monde entier.
Notre
congrès a jeté les fondements d'une vaste
mobilisation des forces de tous les travailleurs contre le
capitalisme, comme il n'en fut encore jamais dans l'histoire de la
lutte de la classe ouvrière.
Le
congrès place devant le prolétariat international,
comme étant la tâche immédiate la plus
importante, le rassemblement de ses forces dans le domaine politique
et d'organisation, et la liquidation de l'isolement où l'a
conduit la politique social-démocrate de collaboration de
classe avec la bourgeoisie : le rassemblement des travailleurs autour
de la classe ouvrière dans un vaste Front populaire de lutte
contre l'offensive du Capital et de la réaction, contre le
fascisme et la menace de guerre dans chaque pays et sur l'arène
internationale.
Cette
tâche, nous ne l'avons pas inventée de toutes pièces.
C'est l'expérience même du mouvement ouvrier mondial qui
l'a mise en évidence, et surtout l'expérience du
prolétariat de France. Le mérite du Parti communiste
français, c'est d'avoir compris ce qu'il a à faire
aujourd'hui, de ne pas avoir écouté les
sectaires qui tiraillaient le Parti et gênaient la réalisation
du front unique de lutte contre le fascisme, mais d'avoir, au
contraire, préparé courageusement, à la manière
bolchevik, par un pacte d'action commune avec le Parti socialiste, le
front unique du prolétariat comme le fondement du Front
populaire antifasciste en voie de formation.
Par cet acte, qui répond
aux intérêts vitaux de tous les travailleurs, les
ouvriers français, communistes et socialistes, mettent à
nouveau le mouvement ouvrier français à la première
place, en tête dans l'Europe capitaliste ; ils
montrent qu'ils sont les dignes descendants des communards et les
héritiers des glorieux enseignements de la Commune de Paris.
(Vifs applaudissements. Toute la salle se lève.
Cris de «
Hourra ! » Dimitrov se tourne vers le bureau du congrès
et, avec toute la salle, applaudit Thorez et les autres délégués
français siégeant au bureau.)
C'est
le mérite du Parti communiste et du prolétariat
français d'avoir, par la pratique de leur lutte dans le front
unique prolétarien contre le fascisme, aidé à
préparer les décisions de notre congrès dont
l'importance est si énorme pour les ouvriers de tous les pays.
Mais
ce qui a été fait en France, ce ne sont que les
premiers pas. Notre congrès qui trace la ligne tactique pour
les prochaines années, ne pouvait se borner à
enregistrer simplement cette expérience ; il est allé
plus loin.
Nous,
communistes, nous sommes un parti de classe, un parti prolétarien.
Mais nous sommes prêts, en tant qu'avant-garde du prolétariat,
à organiser des actions communes du prolétariat et des
autres classes travailleuses intéressées à la
lutte contre le fascisme.
Nous, communistes, nous sommes un parti
révolutionnaire.
Mais nous sommes prêts aux actions
communes avec les autres partis en lutte contre le fascisme.
Notre
but final à nous, communistes, est autre que celui de ces
classes et de ces partis, mais tout en luttant pour nos buts, nous
sommes prêts en même temps à lutter en commun pour
les tâches immédiates dont la réalisation
affaiblit les positions du fascisme et fortifie les positions du
prolétariat.
Nos
méthodes de lutte à nous, communistes, diffèrent
de celles des autres partis ; mais tout en luttant contre le'
fascisme par leurs propres méthodes, les communistes
soutiendront aussi les méthodes de lutte des autres partis, si
insuffisantes qu'elles puissent leur paraître, pourvu que ces
méthodes soient réellement dirigées contre le
fascisme.
Si
nous sommes prêts à faire tout cela, c'est que nous
voulons, dans les pays de démocratie bourgeoise, barrer la
route à la réaction et à l'offensive du Capital
et du fascisme, empêcher la suppression des libertés
démocratiques bourgeoises, prévenir l'écrasement
terroriste par le fascisme du prolétariat de la partie
révolutionnaire de la paysannerie et des intellectuels,
soustraire la jeune génération à la
dégénérescence du corps et de l'esprit.
Si
nous sommes prêts à faire tout cela, c'est que nous
voulons, dans les pays fascistes, préparer et précipiter
le renversement de la dictature fasciste.
Si nous sommes prêts
à faire tout cela, c'est que nous voulons sauver le monde
de la barbarie fasciste et des horreurs d'une guerre impérialiste.
(A
ce moment, le délégué du Parti communiste
allemand Weber, monte à la tribune et, remettant un album à
Dimitrov, il lui dit : « Dimitrov, au nom de la délégation
du Parti communiste allemand, je te remets ce livre, le livre de la
vie héroïque des combattants révolutionnaires
d'Allemagne.
C'est toi qui, par ton attitude au procès de
Leipzig et par toute ton activité ultérieure a servi
d'exemple au Parti communiste allemand, aux antifascistes allemands
en lutte.
Accepte ce livre, cette épopée des
combattants prolétariens d'Allemagne, qui t'ont pris pour un
modèle et qui sacrifient leur liberté, leur santé
et leur vie pour la cause de la révolution ! » Dimitrov
prend l'album et étreint chaleureusement Weber. Vifs
applaudissements, cris « Hourra ! », salutations des
délégués.)
Notre
congrès est le congrès de la lutte pour le maintien
de la paix contre la menace de guerre impérialiste.
Cette
lutte, nous l'entendons aujourd'hui d'une manière nouvelle.
Notre congrès repousse résolument l'attitude
fataliste à l'égard des guerres impérialistes,
inspirée par les vieilles conceptions social-démocrates.
Il est vrai que les guerres impérialistes sont le produit du
capitalisme, que, seul, le renversement du capitalisme mettra un
terme à toutes les guerres; mais il est également vrai
que les masses travailleuses, par leurs actions de lutte, peuvent
empêcher la guerre impérialiste.
Le
monde aujourd'hui n'est plus ce qu'il était en 1914.
Actuellement, sur un sixième du globe, est établi un
puissant Etat prolétarien, qui s'appuie sur la force
matérielle du socialisme victorieux.
Grâce à sa
sage politique staliniste de paix, l'Union soviétique a plus
d'une fois fait échouer les plans agressifs des fauteurs de
guerre.
Actuellement,
dans la lutte contre la guerre, le prolétariat mondial ne
dispose pas seulement de l'arme que constitue son action de masse,
comme en 1914.
Aujourd'hui, la lutte de masse de la classe ouvrière
internationale contre la guerre se conjugue avec l'ascendant de
l'Etat soviétique et avec sa puissante Armée rouge,
principal gardien de la paix.
Aujourd'hui,
la classe ouvrière internationale ne se trouve pas, comme en
1914, sous l'influence exclusive de la social-démocratie
coalisée avec la bourgeoisie.
Aujourd'hui, il existe un Parti
communiste mondial : l'Internationale communiste.
Aujourd'hui, les
masses d'ouvriers social-démocrates se tournent vers l'Union
soviétique et sa politique de paix, vers le front unique avec
les communistes.
Aujourd'hui,
les peuples des pays coloniaux et semi-coloniaux ne considèrent
pas la cause de leur affranchissement comme une cause désespérée.
Au contraire, ils passent de plus en plus à la lutte résolue
contre les oppresseurs impérialistes.
La meilleure preuve en
est fournie par la Révolution soviétique de Chine et
les exploits héroïques de l'Armée rouge du
peuple chinois.
La
haine des peuples contre la guerre devient de plus en plus profonde
et intense. La bourgeoisie, qui pousse les travailleurs dans l'abîme
des guerres impérialistes, y risque sa tête.
Actuellement, on voit se dresser pour la cause du maintien de la paix
non seulement la classe ouvrière, la paysannerie et les autres
travailleurs, mais aussi les nations opprimées et les peuples,
faibles, dont l'indépendance est menacée par de
nouvelles guerres. Même certains grands Etats capitalistes,
redoutant les pertes qu'ils pourraient subir à la suite d'un
nouveau partage du monde, sont intéressés, à
l'étape présente, à éviter la
guerre.
De
là, la possibilité d'un très vaste front unique
de la classe ouvrière, de tous les travailleurs et de peuples
entiers contre la menace de guerre impérialiste.
S'appuyant
sur la politique de paix de l'Union soviétique et sur la
volonté de paix de millions et de millions de travailleurs,
notre congrès a montré la perspective du développement
d'un vaste front anti-guerrier non seulement à l'avant-garde
communiste, mais aussi à toute la classe ouvrière
internationale et aux peuples de tous les pays.
Du degré de
réalisation et d'activité de ce front mondial dépendra
la question de savoir si, dans l'avenir le plus proche, les fauteurs
de guerre fascistes et impérialistes réussiront à
allumer l'incendie d'une nouvelle guerre impérialiste, ou si
leurs mains criminelles seront tranchées par la hache du
puissant front de lutte contre la guerre.
Notre
congrès est le congrès de l'unité de la
classe ouvrière, le congrès de la lutte pour le
front unique prolétarien.
Nous
ne nous faisons pas d'illusions sur la possibilité de
surmonter aisément les difficultés que la partie
réactionnaire des leaders social-démocrates opposera à
l'oeuvre de réalisation du front unique prolétarien.
Mais nous n'avons pas peur de ces difficultés, parce que nous
exprimons la volonté de millions d'ouvriers ; parce qu'en
luttant pour le front unique, nous servons au mieux les intérêts
du prolétariat ; parce que le front unique prolétarien
est la voie sûre pour renverser le fascisme et le régime
capitaliste, pour conjurer les guerres impérialistes.
Nous
avons levé bien haut, à ce congrès, le drapeau
de l'unité syndicale. Les communistes ne tiennent pas à
tout prix à l'existence indépendante des syndicats
rouges. Mais les communistes veulent l'unité syndicale sur la
base de la lutte de classe et de la suppression, une fois pour
toutes, de l'état de choses où les partisans les plus
conséquents et les plus résolus de l'unité
syndicale et de la lutte de classe subissent des exclusions hors des
syndicats de l'Internationale d'Amsterdam.
Nous
savons que les militants des syndicats faisant partie de
l'Internationale syndicale rouge n'ont pas encore tous compris et ne
se sont pas tous assimilé cette ligne du congrès.
Il
existe encore des survivances de présomption sectaire, qu'il
nous faudra faire disparaître chez ces militants pour appliquer
fermement la ligne du congrès.
Mais cette ligne, nous la
réaliserons coûte que coûte et nous trouverons une
langue commune avec nos frères de classe, nos camarades de
lutte, les ouvriers adhérant aujourd'hui à la
Fédération syndicale d'Amsterdam.
A
ce congrès, nous avons adopté l'orientation vers la
création du parti politique de masse unique de la classe
ouvrière, vers l'abolition de la scission politique du
prolétariat, causée par la politique de collaboration
de classe de la social-démocratie.
L'unité politique de
la classe ouvrière n'est pas, pour nous, une manoeuvre,
mais la question du sort futur du mouvement ouvrier tout entier.
S'il se trouvait parmi nous des gens pour envisager la formation de
l'unité politique de la classe ouvrière comme une
manoeuvre, nous lutterions contre eux, comme on lutte contre des gens
qui font du tort à la classe ouvrière.
C'est
précisément parce que nous envisageons cette question
avec une gravité et une sincérité profondes,
dictées par les intérêts du prolétariat
que nous mettons des conditions de principe déterminées
à la base d'une telle unité.
Ces conditions de principe
n'ont pas été inventées par nous ; elles sont le
fruit des souffrances du prolétariat au cours de sa lutte ;
elles répondent également à la volonté de
millions d'ouvriers social-démocrates, volonté émanant
de l'enseignement des défaites subies.
Ces conditions de
principe ont été vérifiées par
l'expérience de l'ensemble du mouvement ouvrier
révolutionnaire.
Et
du fait que notre congrès s'est déroulé sous le
signe de l'unité prolétarienne, il n'a pas été
seulement le congrès de l'avant-garde communiste ; il a été
le congrès de la classe ouvrière internationale tout
entière, qui aspire ardemment à l'unité de lutte
syndicale et politique.
Bien
qu'à notre congrès n'aient pas assisté de
délégués des ouvriers social-démocrates,
bien qu'il n'y ait pas eu ici de délégués
sans-parti, bien que les ouvriers embrigadés de force dans les
organisations fascistes n'y aient pas été représentés,
le congrès n'en a pas moins parlé non seulement pour
les communistes, mais aussi pour ces millions d'ouvriers ; il a
exprimé les pensées et les sentiments de l'immense
majorité, de la classe ouvrière.
Et si les
organisations ouvrières des diverses tendances procédaient
à l'examen vraiment libre de nos décisions devant les
prolétaires du monde entier, les ouvriers soutiendraient, nous
n'en doutons pas, les résolutions que vous avez votées
avec une telle unanimité.
Cette
circonstance nous oblige d'autant plus, nous, communistes, à
faire vraiment des décisions de notre congrès le bien
de toute la classe ouvrière.
Il ne suffit pas de voter pour
ces résolutions.
Il ne suffit pas de les populariser parmi les
membres des Partis communistes. Nous voulons que les ouvriers des
partis de la Deuxième Internationale et de la Fédération
syndicale d'Amsterdam, aussi bien que les ouvriers adhérant
aux organisations d'autres tendances politiques, étudient ces
résolutions avec nous ; qu'ils apportent leurs propositions et
amendements pratiques ; qu'ils méditent avec nous sur la
meilleure façon de les appliquer dans la vie ; que, coude à
coude, avec nous, ils les réalisent en fait.
Notre
congrès a été le congrès de la nouvelle
orientation tactique de l'Internationale, communiste.
En
s'en tenant fermement à la position inébranlable du
marxisme-léninisme confirmée par toute
l'expérience du mouvement ouvrier international et, avant
tout, par les victoires de la grande Révolution d'Octobre,
notre congrès a révisé, dans l'esprit même
et à l'aide de la méthode du marxisme-léninisme
vivant, la position tactique de l'Internationale communiste en
fonction de la situation mondiale modifiée.
Le
congrès a pris une ferme résolution sur la nécessité
d'appliquer d'une manière nouvelle la tactique du front
unique.
Le congrès exige expressément que les
communistes ne se contentent pas simplement de propager les mots
d'ordre généraux de la dictature prolétarienne
et du pouvoir soviétique, mais qu'ils fassent une politique
bolchevik concrète et active sur toutes les questions de
politique intérieure et extérieure de leurs pays, sur
toutes les questions d'actualité touchant aux intérêts
vitaux de la classe ouvrière, de tous les peuples et du
mouvement ouvrier international.
Le congrès insiste de la
façon la plus décidée pour que toutes les
démarches tactiques des Partis soient basées sur une
saine analyse de la réalité concrète en tenant
compte du rapport des forces de classe et du niveau politique des
grandes masses.
Le congrès exige que tous les vestiges de
sectarisme soient entièrement extirpés de la
pratique du mouvement communiste, sectarisme qui, au moment actuel,
représente l'obstacle le plus grand à l'application de
la vraie politique bolchevik de masse des Partis communistes.
Inspiré
par la résolution de faire appliquer cette ligne tactique et
par l'assurance que cette voie mènera nos Partis à
d'importants succès, notre congrès a tenu compte en
même temps de la possibilité que l'application de cette
ligne bolchevik ne se fasse pas toujours tout uniment sans fautes,
sans certaines déviations à droite ou à «
gauche », - déviations tantôt dans le sens du
conformisme des suiveurs, tantôt dans le sens de l'isolement
sectaire de soi-même. Lequel de ces dangers est, « en
général », le plus important, c'est une question
que seuls des scolastiques peuvent discuter.
Le plus grand et le pire
danger est celui qui, au moment donné, dans un pays donné,
gêne le plus l'application de la ligne de notre congrès,
le déploiement d'une juste politique de masse des Partis
communistes.
L'intérêt
de la cause du communisme exige non pas une lutte abstraite, mais une
lutte concrète contre les déviations, une
riposte donnée à temps et de façon décisive
aux tendances nuisibles qui se font jour, la correction à
temps des fautes commises.
Substituer à la lutte concrète
nécessaire contre les déviations une sorte de sport,
faire la chasse aux déviations ou aux déviationnistes
imaginaires, c'est se livrer à une surenchère nuisible
et inadmissible.
Dans la vie pratique de nos Partis, il faut aider de
toutes les façons au développement de l'initiative dans
la position des problèmes nouveaux, favoriser l'examen
approfondi des questions relatives à l'activité du
Parti et ne pas qualifier hâtivement de déviation le
moindre doute ou la moindre observation critique faite par un membre
du Parti au sujet des tâches pratiques du mouvement.
Il faut
faire en sorte que le communiste qui a commis une erreur, puisse la
corriger pratiquement et frapper sans merci ceux-là
seulement qui persistent dans leurs erreurs et qui désorganisent
le Parti.
Luttant
pour l'unité de la classe ouvrière, nous lutterons en
même temps avec une énergie et une intransigeance
d'autant plus grandes pour l'unité intérieure de nos
Partis. Il ne peut y avoir de place, dans nos rangs, pour des
fractions, pour des tentatives fractionnelles.
Quiconque essaiera de
violer l'unité de fer de nos rangs par une action
fractionnelle quelconque, apprendra par lui-même ce que
signifie la discipline bolchevik que nous ont toujours enseignée
Lénine et Staline.
Que cela serve d'avertissement aux quelques
éléments qui, dans certains Partis, pensent pouvoir
profiter des difficultés éprouvées par leur
Parti, des blessures, des défaites et des coups de l'ennemi
déchaîné, pour réaliser leurs plans
fractionnels ou poursuivre leurs intérêts de groupe ! Le
Parti par-dessus tout ! Garder l'unité bolchevik du Parti
comme la prunelle de ses yeux, telle est la loi première, la
loi suprême du bolchévisme !
Notre
congrès est le congrès de l'autocritique bolchevik
et du renforcement de la direction de l'Internationale communiste et
de ses sections.
Nous
n'avons pas peur de signaler ouvertement les erreurs, les faiblesses
et les défauts qui se manifestent dans nos rangs, parce que
nous sommes un parti révolutionnaire qui sait qu'il ne peut se
développer, grandir et accomplir ses tâches qu'à
la condition de se débarrasser de tout ce qui gêne son
développement comme parti révolutionnaire.
Et
le travail qu'a accompli le congrès par sa critique implacable
du sectarisme plein de suffisance, du schématisme, de la
standardisation, de la paresse de pensée, de la substitution
des méthodes de direction du Parti aux méthodes de
direction des masses, tout ce travail il faut le poursuivre
respectivement dans tous les Partis à la base, à tous
les échelons de notre mouvement, car c'est là une des
conditions les plus essentielles de la juste application des
décisions du congrès.
Dans
sa résolution sur le rapport d'activité du Comité
exécutif, le congrès a décidé de
concentrer pour notre mouvement, la direction des opérations
dans les sections elles-mêmes.
D'où l'obligation de
renforcer à tous égards le travail de formation et
d'éducation des cadres, ainsi que le travail de
raffermissement des Partis communistes à l'aide de véritables
dirigeants bolcheviks, afin que les Partis, forts des décisions
des congrès de l'Internationale communiste et des Assemblées
plénières de son Comité exécutif,
puissent, au moment des brusques tournants des événements,
trouver avec rapidité et par eux-mêmes une solution
juste aux tâches politiques et tactiques du mouvement
communiste.
En élisant les organismes dirigeants, le congrès
s'est efforcé de créer une direction de
l'Internationale communiste composée de gens qui ont fait
leurs, non par un sentiment de discipline, mais par l'effet d'une
profonde conviction, les directives et décisions nouvelles du
congrès, de gens prêts et aptes à les transformer
en actes fermement.
Il
faut également assurer dans chaque pays l'application juste
des décisions adoptées par le congrès ; cela
dépendra, en premier lieu, de la vérification, de la
répartition et de l!orientation adéquates
des cadres.
Nous savons que cette tâche n'est pas facile. Il ne
faut pas perdre de vue qu'une partie de nos cadres a été
formée non pas par l'expérience de la politique de
masse bolchevik, mais principalement sur la base d'une propagande
générale.
Nous devons tout faire pour aider nos cadres
à se refaire, à se rééduquer dans
l'esprit nouveau, dans l'esprit des décisions du congrès.
Mais là où il apparaîtra que les vieilles
outres ne valent rien pour le vin nouveau, il faudra en
tirer les conclusions qui s'imposent : ne pas verser ou laisser se
gâter le vin nouveau dans les vieilles outres,
mais remplacer les vieilles outres par de nouvelles.
Nous
avons éliminé à dessein des rapports aussi bien
que des résolutions du congrès les phrases sonores
sur les perspectives révolutionnaires.
Mais ce n'est pas
parce que nous aurions des raisons d'apprécier d'une façon
moins optimiste qu'auparavant l'allure du développement
révolutionnaire, c'est parce que nous voulons débarrasser
nos Partis de toute tendance à remplacer l'activité
bolchevik par des phrases révolutionnaires ou des discussions
stériles sur l'appréciation de la perspective.
Tout en
combattant toute orientation vers la spontanéité, nous
voyons et nous faisons entrer en ligne de compte le processus de
développement de la révolution, non pas en
observateurs, mais en participants actifs de ce processus.
Comme
parti de l'action révolutionnaire, accomplissant dans
l'intérêt de la révolution les tâches
posées à chaque étape du mouvement, tâches
correspondant aux conditions concrètes de l'étape
donnée, tenant sainement compte du niveau politique des
grandes masses travailleuses, nous accélérons de notre
mieux la formation des conditions subjectives nécessaires à
la victoire de la révolution prolétarienne.
Prendre
les choses telles qu'elles sont, disait Marx, c'est-à-dire
faire prévaloir les intérêts de la révolution
d'une manière conforme aux circonstances changées.
(Karl Marx : Lettres à Kugelmann, p. 55, Editions
sociales internationales, Paris, 1930.)
C'est
là l'essentiel ! Nous ne devons jamais l'oublier !
Il
est nécessaire de porter dans les masses les décisions
du congrès mondial, de les expliquer aux masses, de les
appliquer comme des directives pour l'action des masses, en un
mot d'en faire la chair et le sang de millions et de millions de
travailleurs !
Il
est nécessaire de renforcer partout, au maximum, l'initiative
des ouvriers sur place, l'initiative des organisations de base
des Partis communistes et du mouvement ouvrier dans l'application de
ces décisions.
En
partant d'ici, les représentants du prolétariat
révolutionnaire doivent emporter dans leur pays la ferme
conviction que nous, communistes, nous portons la responsabilité
du sort de la classe ouvrière, du mouvement ouvrier, du sort
de chaque peuple, du sort de l'humanité travailleuse tout
entière.
C'est
à nous, ouvriers, et non aux parasites sociaux et aux oisifs,
qu'appartient le monde, le monde construit par les mains ouvrières.
Les gouvernants actuels du monde capitaliste, ce sont des hommes
provisoires.
Le
prolétariat est le véritable maître du monde, le
maître de demain.
Et il doit entrer en possession de ses droits
historiques, prendre en main les rênes du pouvoir dans chaque
pays, dans le monde entier.
Nous
sommes les élèves de Marx et d'Engels, de Lénine
et de Staline. Nous devons être dignes de nos grands maîtres.
Avec
Staline à sa tête, notre armée politique, forte
de nombreux millions d'hommes, surmontant toutes les difficultés,
passant courageusement à travers tous les barrages, doit et
saura détruire la forteresse du capitalisme, et faire
triompher le socialisme dans le monde entier !
Vive
l'unité de la classe ouvrière !
Vive
le VIIe congrès mondial de l'Internationale
communiste !
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