LE PETIT LIVRE ROUGE
(Cinquième partie)
XX. EDIFIER LE PAYS AVEC DILIGENCE ET ECONOMIE
II faut que les cadres et le peuple aient toujours présent à l'esprit que la Chine est un grand pays socialiste, et en même temps un pays pauvre, économiquement arriéré — c'est là une grande contradiction. Pour que notre pays devienne prospère et puissant, plusieurs dizaines d'années d'efforts opiniâtres sont nécessaires, et parmi ces efforts, l'application d'une politique de diligence et d'économie dans l'édification du pays, politique qui implique une stricte économie et la lutte contre le gaspillage.
«De la juste solution des contradictions au sein du peuple» (27 février I957).
La diligence et l'économie doivent être partout observées, dans la gestion des usines, des magasins, des entreprises d'Etat et coopératives, comme dans tout autre travail.
C'est le principe de stricte économie, un des principes fondamentaux de l'économie socialiste.
La Chine est un grand pays, très pauvre encore cependant, et il lui faudra plusieurs décennies pour devenir prospère. Et même alors, le principe de diligence et d'économie devra toujours être appliqué.
C'est durant ces quelques dizaines d'années, et les quelques quinquennats à venir, qu'il faudra particulièrement préconiser la diligence et l'économie et surtout pratiquer une stricte économie.
Note sur l'article: «Etre diligent et économe dans la gestion des coopératives» (1955), L'Essor du socialisme dans les campagnes chinoises.
En tout lieu, nous devons faire le meilleur usage de nos ressources humaines et matérielles; nous ne devons en aucun cas penser seulement au moment présent et nous laisser aller à la prodigalité et au gaspillage.
Partout où nous nous trouverons, il faudra, dès la première année, établir nos calculs en fonction de nombreuses années à venir, en tenant compte de la longue guerre que nous avons à soutenir, de la contre-offensive qui interviendra, ainsi que du travail de reconstruction après l'expulsion de l'ennemi.
Gardons-nous de la prodigalité et du gaspillage, tout en développant activement la production.
Dans le passé, certaines régions ont payé très cher pour avoir manqué de prévoyance, pour avoir négligé d'économiser les ressources humaines et matérielles et de développer la production.
La leçon est là et elle doit retenir notre attention.
«Apprendre le travail économique» (10 janvier 1945), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.
En vue de relever et de développer rapidement la production agricole ainsi que la production industrielle dans les bourgs, nous devons, au cours de notre lutte pour la liquidation du système féodal, faire tous nos efforts pour préserver autant que possible tous les moyens de production et biens de consommation utilisables, en prenant des mesures énergiques contre quiconque les détruit ou les gaspille, en nous opposant aux ripailles et beuveries et en veillant à une stricte économie.
«Discours prononcé à une conférence des cadres de la région libérée du Chansi-Soueiyuan» (1er avril 1948), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.
En ce qui concerne nos dépenses budgétaires, nous devons avoir pour principe l'économie. Il faut que tout le personnel des organismes gouvernementaux comprenne que la corruption et le gaspillage sont des crimes extrêmement graves.
La lutte contre ces maux a déjà donné certains résultats, mais il est indispensable de poursuivre l'effort. Economiser chaque sou pour les besoins de la guerre et de la révolution, pour l'édification de notre économie, tel doit être le principe de notre comptabilité.
«Notre politique économique» (23 janvier 1934), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.
Chez beaucoup de nos cadres se développent des tendances dangereuses, qui se manifestent par leur répugnance à partager avec les masses les joies et les peines et par leur souci de renom et de profits personnels.
C'est très mauvais.
Au cours du mouvement pour l'accroissement de la production et la réalisation d'économies, nous devons simplifier nos organismes et transférer des cadres aux échelons inférieurs, pour qu'un grand nombre de nos cadres retournent à la production; c'est l'une des méthodes pour surmonter ces dangereuses tendances.
«De la juste solution des contradictions au sein du peuple» (27 février I957).
La production par laquelle l'armée subvient à ses besoins non seulement améliore ses conditions d'existence, allège la charge du peuple et permet ainsi d'accroître les effectifs, mais apporte une série d'autres avantages immédiats, à savoir:
1) L'amélioration des relations entre officiers et soldats. Travaillant côte à côte dans la production, ils s'entendent comme des frères.
2) Le renforcement de l'amour du travail. . . . Depuis que l'armée s'occupe de production pour subvenir elle-même à ses besoins, l'amour du travail s'y est accru et les mauvaises habitudes propres aux fainéants ont été éliminées.
3) Le renforcement de la discipline. La discipline du travail dans l'activité productrice n'affaiblit pas la discipline des soldats pendant les combats et dans leur vie quotidienne, mais au contraire la renforce.
4) L'amélioration des relations entre l'armée et le peuple. Dans la mesure où les troupes ont leurs propres exploitations, on voit diminuer, ou même disparaître complètement, les atteintes aux biens du peuple.
Ce dernier et l'armée s'aident mutuellement dans la production, ce qui renforce encore leur amitié.
5) Les troupes manifestent plus rarement du mécontentement envers les organes du pouvoir, et ainsi leurs relations s'améliorent.
6) Le grand mouvement de la population civile pour le développement de la production se trouve stimulé. Quand l'armée s'occupe elle-même de production, les divers organismes voient plus clairement la nécessité d'en faire autant et s'y consacrent avec plus d'énergie; bien entendu, la population civile voit mieux elle aussi, de ce fait, la nécessité du mouvement général pour le développement de la production et se met à la tache avec plus d'énergie.
«De la production par l'armée des biens nécessaires à ses besoins et de l'importance des deux grands mouvements pour la rectification du style de travail et pour le développement de la production» (27 avril 1945), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.
D'aucuns prétendent que si les troupes participent à la production, elles ne pourront plus combattre ni s'entraîner, que si les organismes prennent part à la production, ils ne pourront plus accomplir leur propre travail.
Cette assertion est fausse. Au cours des dernières années, nos troupes de la Région frontière, en se livrant à une large activité productrice, ont satisfait amplement à leurs besoins en nourriture et en habillement; parallèlement, elles se sont consacrées avec encore plus de succès à l'entraînement ainsi qu'à l'étude politique et à l'acquisition de connaissances générales, et l'unité au sein de l'armée comme celle entre l'armée et le peuple se sont encore renforcées.
Dans les régions du front, alors qu'un vaste mouvement de production a été entrepris l'année dernière, de grands succès ont également été obtenus sur le plan des opérations militaires, et l'on a commencé partout le mouvement pour l'instruction des troupes.
Grâce à son activité productrice, le personnel des divers organismes vit dans de meilleures conditions; on a l'esprit plus tranquille et le travail gagne en efficacité; cela est vrai aussi bien pour la Région frontière que pour les régions du front.
«Apprendre le travail économique» (10 janvier 1945), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.
XXI. COMPTER SUR SES PROPRES FORCES ET LUTTER AVEC ENDURANCE
Sur quelle base notre politique doit-elle reposer? Sur notre propre force; c'est ce qui s'appelle compter sur ses propres forces. Certes, nous ne sommes pas seuls, tous les pays et tous les peuples du monde en lutte contre l'impérialisme sont nos amis.
Cependant, nous insistons sur la nécessité de compter sur nos propres forces. En nous appuyant sur les forces que nous avons nous-mêmes organisées, nous pouvons vaincre tous les réactionnaires chinois et étrangers.
«La Situation et notre politique après la victoire dans la Guerre de Résistance contre le Japon» (13 août 1945), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.
Nous soutenons qu'il nous faut compter sur nos propres forces. Nous espérons recevoir une aide extérieure, mais nous ne devons pas en dépendre; nous comptons sur nos propres efforts, sur la force créatrice de toute notre armée et de toute notre population.
«Apprendre le travail économique» (10 janvier 1945), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.
La conquête de la victoire dans tout le pays n'est que le premier pas d'une longue marche de dix mille lis. ... La révolution chinoise est une grande révolution, mais après sa victoire la route à parcourir sera bien plus longue, notre tâche plus grandiose et plus ardue.
C'est un point qu'il faut élucider dès à présent dans le Parti, pour que les camarades restent modestes, prudents, qu'ils ne soient ni présomptueux ni irréfléchis dans leur style de travail, et qu'ils persévèrent dans leur style de vie simple et de lutte ardue.
«Rapport à la deuxième session plénière du Comité central issu du VIIe Congrès du Parti communiste chinois» (5 mars 1949), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.
Nous devons débarrasser complètement nos cadres de l'idée que nous pourrons remporter des victoires faciles grâce à des hasards heureux, sans avoir à lutter durement et à les payes: de notre sueur et de notre sang.
«Etablir de solides bases d'appui dans le Nord-Est» (28 décembre 1945), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.
Afin d'aider le peuple à prendre confiance en la victoire, nous devons constamment lui faire connaître les progrès du monde et son avenir lumineux.
En même temps, nous devons dire au peuple et à nos1 camarades que notre chemin sera sinueux.
Il y a encore beaucoup d'obstacles et de difficultés sur le chemin de la révolution.
Le VIIème Congrès de notre Parti a envisagé les nombreuses difficultés que nous rencontrerions.
Nous préférons les supposer plus nombreuses qu'elles ne sont.
Certains camarades aiment mieux ne pas y penser sérieusement.
Mais elles sont une réalité; nous devons reconnaître autant de difficultés qu'il y en a et nous garder d'adopter à leur égard une attitude de «non-reconnaissance».
Il faut les reconnaître, les analyser et les combattre. Il n'y a pas de routes droites dans le monde; nous devons être prêts à suivre une route tortueuse, sans essayer d'obtenir les choses à peu de frais.
II ne faut pas s'imaginer qu'un beau matin tous les réactionnaires tomberont à genoux de leur propre mouvement.
En un mot, l'avenir est radieux, mais notre chemin est tortueux. Nous avons encore devant nous beaucoup de difficultés qu'il ne faut pas négliger. En nous unissant avec le peuple tout entier dans un effort commun, nous pourrons certainement les surmonter toutes et parvenir à la victoire.
«Sur les négociations de Tchong-king» (17 octobre 1945), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.
Celui qui ne voit que le côté radieux des choses et non les difficultés ne pourra lutter avec succès pour l'accomplissement des tâches du Parti.
«Du gouvernement de coalition» (24 avril 1945), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.
Les richesses de la société sont créées par les ouvriers, les paysans et les intellectuels-travailleurs. S'ils prennent en main leur propre destinée, suivent une ligne marxiste-léniniste et s'appliquent à résoudre activement les problèmes, au lieu de les éluder, ils pourront toujours venir à bout de n'importe quelle difficulté dans le monde.
Note sur l'article: «Le secrétaire du Parti prend la tâche en main et tous les membres du Parti participent à l'établissement des coopératives» (1955), L'Essor du socialisme dans les campagnes chinoises.
Les camarades du Parti doivent tenir pleinement compte de toutes les difficultés et être prêts à les surmonter systématiquement avec une volonté indomptable.
Les forces réactionnaires ont leurs difficultés, et nous avons les nôtres. Mais celles des forces réactionnaires sont insurmontables, parce que ces forces s'acheminent vers la mort, sans aucune perspective d'avenir. Les nôtres peuvent être surmontées, parce que nous sommes des forces jeunes et montantes ayant un avenir lumineux.
«Pour saluer le nouvel essor de la révolution chinoise» (Ier février 1947), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.
Que nos camarades, dans les moments difficiles, ne perdent pas de vue nos succès, qu'ils discernent notre avenir lumineux et redoublent de courage.
«Servir le peuple» (8 septembre 1944), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.
C'est à travers les difficultés et les vicissitudes que grandit le nouveau. Ce serait une pure illusion de croire que sur la voie du socialisme on peut éviter les difficultés et les détours, qu'on peut se passer de faire le maximum d'efforts, qu'il suffit de se laisser pousser par le vent et que le succès vient facilement.
«De la juste solution des contradictions au sein du peuple» (27 février 1957).
A certains moments de la lutte révolutionnaire, les difficultés l'emportent sur les conditions favorables; en ce cas, les difficultés constituent l'aspect principal de la contradiction et les conditions favorables l'aspect secondaire.
Néanmoins, les révolutionnaires réussissent par leurs efforts à surmonter progressivement les difficultés, à créer des conditions nouvelles, favorables; alors la situation défavorable cède la place à une situation favorable.
«De la contradiction» (Août 1957), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.
Qu'est-ce que travailler? Travailler, c'est lutter. Il y a là-bas des difficultés et des problèmes qu'il nous incombe de résoudre.
C'est pour vaincre ces difficultés que nous y allons travailler et lutter. Un bon camarade est celui qui tient d'autant plus à aller dans un endroit que les difficultés y sont plus grandes.
«Sur les négociations de Tchongking» (17 octobre 1945), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.
Dans la Chine antique, il y avait une fable intitulée «Comment Yukong déplaça les montagnes».
On y raconte qu'il était une fois, en Chine septentrionale, un vieillard appelé Yukong des Montagnes du Nord.
Sa maison donnait, au sud, sur deux grandes montagnes, le Taihang et le Wang-wou, qui en barraient les abords. Yukong décida d'enlever, avec l'aide de ses fils, ces deux montagnes à coups de pioche.
Un autre vieillard, nommé Tcheseou, les voyant à l'œuvre, éclata de rire et leur dit: «Quelle sottise faites-vous là! Vous n'arriverez jamais, à vous seuls, à enlever ces deux montagnes!»
Yukong lui répondit: «Quand je mourrai, il y aura mes fils; quand ils mourront à leur tour, il y aura les petits-enfants, ainsi les générations se succéderont sans fin.
Si hautes que soient ces montagnes, elles ne pourront plus grandir; à chaque coup de pioche, elles diminueront d'autant; pourquoi donc ne parviendrions-nous pas à les aplanir?»
Après avoir ainsi réfuté les vues erronées de Tcheseou, Yukong, inébranlable, continua de piocher, jour après jour.
Le Ciel en fut ému et envoya sur terre deux génies célestes, qui emportèrent ces montagnes sur leur dos.
Aujourd'hui, il y a également deux grosses montagnes qui pèsent lourdement sur le peuple chinois: l'une est l'impérialisme, l'autre le féodalisme.
Le Parti communiste chinois a décidé depuis longtemps de les enlever.
Nous devons persévérer dans notre tâche et y travailler sans relâche, nous aussi nous arriverons à émouvoir le Ciel.
Notre Ciel à nous n'est autre que la masse du peuple chinois.
Si elle se dresse tout entière pour enlever avec nous ces deux montagnes, comment ne pourrions-nous pas les aplanir?
«Comment Yukong déplaça les montagnes» (11 juin 1945), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.
XXII. METHODES DE PENSEE ET DE TRAVAIL
L'histoire de l'humanité est un mouvement constant du règne de la nécessité vers îe règne de la liberté. Le processus est sans fin.
Dans une société où subsistent des classes, la lutte de classes ne saurait avoir de fin; et la lutte entre le nouveau et l'ancien, entre le vrai et le faux dans la société sans classes se poursuivra indéfiniment.
Dans les domaines de la lutte pour la production et de l'expérimentation scientifique, l'humanité ne cessera jamais de progresser et la nature de se développer, jamais elles ne s'arrêteront à un certain niveau.
Aussi l'homme doit-il constamment faire le bilan de son expérience, découvrir, inventer, créer et progresser. Les points de vue inspirés par l'immobilisme, le pessimisme, le sentiment d'impuissance, l'orgueil et la présomption sont erronés.
Et cela parce qu'ils ne correspondent pas à la réalité historique du développement de la société humaine depuis environ un million d'années, ni à la réalité historique de la nature portée jusqu'à présent à notre connaissance (par exemple la nature telle qu'elle est reflétée par l'histoire des corps célestes, de la Terre, de la vie et des autres sciences de la nature).
Cité dans le «Rapport sur les travaux du gouvernement présenté par le premier ministre Chou En-laï à la première session de la IIIème Assemblée populaire nationale» (21-22 décembre 1964).
Les hommes se servent des sciences de la nature comme d'une arme dans leur lutte pour la liberté.
En vue de conquérir leur liberté sur le plan social, ils se servent des sciences sociales pour comprendre la société, la transformer et entreprendre la révolution sociale.
En vue de conquérir leur liberté dans la nature, ils se servent des sciences de la nature pour l'étudier, la dompter et la transformer, et obtiendront leur liberté de la nature même.
Allocution à la cérémonie de la fondation de la Société d'Etudes sur les Sciences de la Nature de la Région frontière (5 février 1940).
La philosophie marxiste — le matérialisme dialectique — a deux particularités évidentes.
La première, c'est son caractère de classe: elle affirme ouvertement que le matérialisme dialectique sert le prolétariat; la seconde, c'est son caractère pratique: elle met l'accent sur le fait que la théorie dépend de la pratique, que la théorie se fonde sur la pratique et, à son tour, sert la pratique.
«De la pratique» (Juillet 1937), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.
La philosophie marxiste estime que l'essentiel, ce n'est pas de comprendre les lois du monde objectif pour être en état de l'expliquer, mais c'est d'utiliser la connaissance de ces lois pour transformer activement le monde.
«De la pratique» (Juillet 1937), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.
D'où viennent les idées justes?
Tombent-elles du ciel?
Non.
Sont-elles innées?
Non.
Elles ne peuvent venir que de la pratique sociale, de trois sortes de pratique sociale: la lutte pour la production, la lutte de classes et l'expérimentation scientifique.
«D'où viennent les idées justes?» (Mai 1963).
L'existence sociale des hommes détermine leur pensée. Et les idées justes qui sont le propre d'une classe d'avant-garde deviennent, dès qu'elles pénètrent les masses, une force matérielle capable de transformer la société et le monde.
«D'où viennent les idées justes?» (Mai 1963).
Engagés dans des luttes diverses au cours de leur pratique sociale, les hommes acquièrent une riche expérience, qu'ils tirent de leurs succès comme de leurs revers.
D'innombrables phénomènes du monde extérieur objectif sont reflétés dans le cerveau par le canal des cinq organes des sens — la vue, l'ouïe, l'odorat, le goût et le toucher; ainsi se constitue, au début, la connaissance sensible.
Quand ces données sensibles se sont suffisamment accumulées, il se produit un bond par lequel elles se transforment en connaissance rationnelle, c'est-à-dire en idées.
C'est là un processus de la connaissance.
C'est le premier degré du processus général de la connaissance, le degré du passage de la matière, qui est objective, à l'esprit, qui est subjectif, de l'être à la pensée.
A ce degré, il n'est pas encore prouvé que l'esprit ou la pensée (donc les théories, la politique, les plans, les moyens d'action envisagés) reflètent correctement les lois du monde objectif; il n'est pas encore possible de déterminer s'ils sont justes ou non.
Vient ensuite le second degré du processus de la connaissance, le degré du passage de l'esprit à la matière, de la pensée à l'être: il s'agit alors d'appliquer dans la pratique sociale la connaissance acquise au cours du premier degré, pour voir si ces théories, politique, plans, moyens d'action, etc. produisent les résultats attendus.
En général, est juste ce qui réussit, est faux ce qui échoue; cela est vrai surtout de la lutte des hommes contre la nature.
Dans la lutte sociale, les forces qui représentent la classe d'avant-garde subissent parfois des revers, non qu'elles aient des idées fausses, mais parce que, dans le rapport des forces qui s'affrontent, elles sont temporairement moins puissantes que les forces de la réaction; de là viennent leurs échecs provisoires, mais elles finissent toujours par triompher.
En passant par le creuset de la pratique, la connaissance humaine fait donc un autre bond, d'une plus grande signification encore que le précédent.
Seul, en effet, ce bond permet d'éprouver la valeur du premier, c'est-à-dire de s'assurer si les idées, théories, politique, plans, moyens d'action, etc. élaborés au cours du processus de réflexion du monde objectif sont justes ou faux; il n'y a pas d'autre moyen de faire l'épreuve de la vérité.
«D'où viennent les idées justes?» (Mai 1963).
Pour que s'achève le mouvement qui conduit à une connaissance juste, il faut souvent mainte répétition du processus consistant à passer de la matière à l'esprit, puis de l'esprit à la matière, c'est-à-dire de la pratique à la connaissance, puis de la connaissance à la pratique.
Telle est la théorie marxiste de la connaissance, la théorie matérialiste-dialectique de la connaissance.
«D'où viennent les idées justes?» (Mai 1963).
Quiconque veut connaître un phénomène ne peut y arriver sans se mettre en contact avec lui, c'est-à-dire sans vivre (se livrer à la pratique) dans le milieu même de ce phénomène.
... Si l'on veut acquérir des connaissances, il faut prendre part à la pratique qui transforme la réalité.
Si l'on veut connaître le goût d'une poire, il faut la transformer: en la goûtant.
... Si l'on veut connaître la théorie et les méthodes de la révolution, il faut prendre part à la révolution.
Toutes les connaissances authentiques sont issues de l'expérience immédiate.
«De la pratique» (Juillet 1937), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.
La connaissance commence avec la pratique; quand on a acquis par la pratique des connaissances théoriques, on doit encore retourner à la pratique.
Le rôle actif de la connaissance ne s'exprime pas seulement dans le bond actif de la connaissance sensible à la connaissance rationnelle, mais encore, ce qui est plus important, il doit s'exprimer dans le bond de la connaissance rationnelle à la pratique révolutionnaire.
«De la pratique» (Juillet 1937), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.
Personne n'ignore que, quelle que soit la chose qu'on entreprenne, on ne peut connaître les lois qui la régissent, on ne sait comment la réaliser et on n'arrive à la mener à bien que si l'on en comprend les conditions, le caractère et les rapports avec les autres choses.
«Problèmes stratégiques de la guerre révolutionnaire en Chine» (Décembre 1936), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.
Si l'on veut obtenir des succès dans son travail, c'est-à-dire arriver aux résultats attendus, on doit faire en sorte que ses idées correspondent aux lois du monde extérieur objectif; si tel n'est pas le cas, on échoue dans la pratique.
Après avoir subi un échec, on en tire la leçon, on modifie ses idées de façon à les faire correspondre aux lois du monde extérieur et on peut ainsi transformer l'échec en succès; c'est ce qu'expriment les maximes: «La défaite est la mère du succès» et «Chaque insuccès nous rend plus avisés».
«De la pratique» (Juillet I937), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.
Nous sommes des marxistes, et le marxisme nous enseigne que, pour aborder un problème, il faut partir non des définitions abstraites, mais des faits objectifs, et déterminer au moyen de l'analyse de ces faits notre orientation, notre politique, nos méthodes.
«Interventions aux causeries sur la littérature et l'art à Yenan» (Mai 1942), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.
La méthode de travail fondamentale, qui doit être ancrée dans l'esprit de tout communiste, c'est de déterminer la ligne à suivre d'après les conditions réelles.
L'examen des erreurs commises montre qu'elles sont toutes dues au fait que nous nous sommes écartés de la réalité à un moment et en un lieu donnés, et que nous avons déterminé de façon subjective la ligne à suivre pour notre travail.
«Discours prononcé à une conférence des cadres de la région libérée du Chansi-Soueiyuan» (Ier avril 1948), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.
Rien de plus commode au monde que l'attitude idéaliste et métaphysique, car elle permet de débiter n'importe quoi, sans tenir compte de la réalité objective et sans se soumettre au contrôle de celle-ci.
Au contraire, le matérialisme et la dialectique exigent des efforts; ils veulent que l'on parte de la réalité objective, que l'on se soumette à son contrôle. Si l'on ne fait pas d'effort, on risque de glisser dans l'idéalisme et métaphysique.
Note sur les «Documents à propos du groupe contre-révolutionnaire de Hou Feng» (Mai 1955).
Nous devons saisir chaque chose dans sa substance même et ne considérer les manifestations extérieures que comme un chemin menant à la porte dont il faut franchir le seuil pour pénétrer vraiment la substance de cette chose.
C'est là la seule méthode d'analyse qui soit sûre et scientifique.
«Une étincelle peut mettre le feu à toute la plaine» (5 janvier 1950), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.
La cause fondamentale du développement des choses et des phénomènes n'est pas externe, mais interne; elle se trouve dans les contradictions internes des choses et des phénomènes eux-mêmes.
Toute chose, tout phénomène implique ces contradictions d'où procèdent son mouvement et son développement.
Ces contradictions, inhérentes aux choses et aux phénomènes, sont la cause fondamentale de leur développement, alors que leur liaison mutuelle et leur action réciproque n'en constituent que les causes secondes.
«De la contradiction» (Août 1957), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.
La dialectique matérialiste considère que les causes externes constituent la condition des changements, que les causes internes en sont la base, et que les causes externes opèrent par l'intermédiaire des causes internes.
L'œuf qui a reçu une quantité appropriée de chaleur se transforme en poussin, mais la chaleur ne peut transformer une pierre en poussin, car leurs bases sont différentes.
«De la contradiction» (Août 1937), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.
La philosophie marxiste considère que la loi de l'unité des contraires est la loi fondamentale de l'univers. Cette loi agit universellement aussi bien dans la nature que dans la société humaine et dans la pensée des hommes.
Entre les aspects opposés de la contradiction, il y a à la fois unité et lutte, c'est cela même qui pousse les choses et les phénomènes à se mouvoir et à changer.
L'existence des contradictions est universelle, mais elles revêtent un caractère différent selon le caractère des choses et des phénomènes.
Pour chaque chose ou phénomène concret, l'unité des contraires est conditionnée, passagère, transitoire et, pour cette raison, relative, alors que la lutte des contraires est absolue.
«De la juste solution des contradictions au sein du peuple» (27 février 1957).
La méthode analytique, c'est la méthode dialectique. Par analyse, on entend l'analyse des contradictions inhérentes aux choses et aux phénomènes.
Sans bien connaître la réalité de la vie, sans comprendre véritablement les contradictions dont il s'agit, il est impossible de faire une analyse judicieuse.
«Intervention à la Conférence nationale du Parti communiste chinois sur le Travail de Propagande» (12 mars 1957).
L'analyse concrète d'une situation concrète, a dit Lénine, est «la substance même, l'âme vivante du marxisme».
Beaucoup de nos camarades, à qui l'esprit analytique fait défaut, ne cherchent pas à analyser et à étudier les questions complexes, de façon répétée et approfondie, mais préfèrent tirer des conclusions simplistes, absolument affirmatives ou absolument négatives.
... Il faut désormais remédier à cet état de choses.
«Notre étude et la situation actuelle» (12 avril 1944), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.
La façon dont ces camarades envisagent les choses n'est pas juste. Ils ne considèrent pas l'essence du problème, l'aspect dominant, et insistent sur des questions non essentielles, secondaires.
Je ne dis pas que celles-ci doivent être négligées; il faut les résoudre une à une.
Mais nous ne devons pas les confondre avec l'essence du problème, l'aspect dominant, sous peine de perdre notre orientation.
«Sur le problème de la coopération agricole» (31 juillet 1955).
En ce monde, les choses sont complexes et beaucoup de facteurs les déterminent. Il nous faut examiner un problème sous ses différents aspects, et non sous un seul.
«Sur les négociations de Tchongking» (17 octobre 1945), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.
Seuls les gens qui ont une vue subjective, unilatérale et superficielle des problèmes se mêlent de donner présomptueusement des ordres ou des instructions dès qu'ils arrivent dans un endroit nouveau, sans s'informer de l'état de la situation, sans chercher à voir les choses dans leur ensemble (leur histoire et leur état présent considéré comme un tout) ni à en pénétrer l'essence même (leur caractère et leur liaison interne); il est inévitable que de telles gens trébuchent. ,
«De la pratique» (Juillet 1937), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.
Dans l'étude d'une question, il faut se garder d'être subjectif, d'en faire un examen unilatéral et d'être superficiel.
Etre subjectif, c'est ne pas savoir envisager une question objectivement, c'est-à-dire d'un point de vue matérialiste.
J'en ai déjà parlé dans «De la pratique».
L'examen unilatéral consiste à ne pas savoir envisager les questions sous tous leurs aspects, . . . ou encore à voir la partie et non le tout, à voir les arbres et non la forêt.
Si l'on procède ainsi, il est impossible de trouver la méthode pour résoudre les contradictions, impossible de s'acquitter des tâches de la révolution, impossible de mener à bien le travail qu'on fait, impossible de développer correctement la lutte idéologique dans le Parti.
Quand Souentse, traitant de l'art militaire, disait: «Connais ton adversaire et connais-toi toi-même, et tu pourras sans risque livrer cent batailles», il parlait des deux parties belligérantes.
Wei Tcheng, sous la dynastie des Tang, comprenait lui aussi l'erreur d'un examen unilatéral lorsqu'il disait: «Qui écoute les deux côtés aura l'esprit éclairé, qui n'écoute qu'un côté restera dans les ténèbres.»
Mais nos camarades voient souvent les problèmes d'une manière unilatérale et, de ce fait, il leur arrive souvent d'avoir des anicroches. . .
Lénine dit: «Pour connaître réellement un objet, il faut embrasser et étudier tous ses aspects, toutes ses liaisons et «médiations».
Nous n'y arriverons jamais intégralement, mais la nécessité de considérer tous les aspects nous garde des erreurs et de l'engourdissement.»
Nous devons retenir ses paroles.
Etre superficiel, c'est ne pas tenir compte des particularités des contradictions dans leur ensemble, ni des particularités des deux aspects de chaque contradiction, nier la nécessité d'aller au fond des choses et d'étudier minutieusement les particularités de la contradiction, se contenter de regarder de loin et, après une observation approximative de quelques traits superficiels de la contradiction, essayer immédiatement de la résoudre (de répondre à une question, de trancher un différend, de régler une affaire, de diriger une opération militaire).
Une telle manière de procéder entraîne toujours des conséquences fâcheuses. . . .
Envisager les choses d'une manière unilatérale et superficielle, c'est encore du subjectivisme, car, dans leur être objectif, les choses sont en fait liées les unes aux autres et possèdent des lois internes; or, il est des gens qui, au lieu de refléter les choses telles qu'elles sont, les considèrent d'une manière unilatérale ou superficielle, sans connaître leur liaison mutuelle ni leurs lois internes; une telle méthode est donc subjective.
«De la contradiction» (Août 1937), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.
Regarder un seul côté des choses, c'est penser dans l'absolu, c'est envisager les problèmes métaphysiquement. Quand il s'agit d'apprécier notre travail, c'est faire preuve d'une vue unilatérale que de l'approuver entièrement comme de le condamner en bloc. . . .
Tout approuver, c'est voir seulement le bon côté et non le mauvais, c'est admettre seulement les louanges et non les critiques. Prétendre que tout va bien dans notre travail ne correspond pas à la réalité.
En effet, tout ne marche pas à souhait, et il existe encore des insuffisances et des erreurs.
Mais que tout aille mal ne correspond pas non plus à la réalité.
Une analyse est donc nécessaire. Tout condamner, c'est considérer, sans esprit d'analyse, que tout est mal fait, que rien ne mérite d'être loué dans une œuvre aussi grandiose que l'édification socialiste, dans cette grande lutte menée par plusieurs centaines de millions d'hommes, et que tout n'y serait que gâchis.
Il ne faut certes pas confondre les nombreux partisans de ces vues avec les éléments hostiles au régime socialiste, néanmoins leurs vues sont tout à fait fausses et nuisibles, elles ne peuvent que nous décourager.
Pour juger notre travail, l'approbation exclusive est aussi fausse que la négation exclusive.
«Intervention à la Conférence nationale du Parti communiste chinois sur le Travail de Propagande» (12 mars 1957).
En examinant une question, le marxiste doit voir le tout aussi bien que les parties. Une grenouille, dans un puits, disait que «le ciel n'est pas plus grand que la bouche du puits».
Cela est inexact, puisque le ciel n'est pas limité aux dimensions de la bouche du puits.
Si elle avait dit «une partie du ciel est de la dimension de la bouche du puits», elle aurait dit vrai, parce que cela est conforme à la réalité.
«La Tactique de la lutte contre l'impérialisme japonais» (27 décembre I935), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.
Nous devons apprendre à examiner les problèmes sous tous leurs aspects, à voir non seulement la face mais aussi le revers des choses et des phénomènes.
Dans des conditions déterminées, quelque chose de mauvais peut produire de bons résultats et, à son tour, quelque chose de bon peut en produire de mauvais.
«De la juste solution des contradictions au sein du peuple» (27 février 1957).
Tout en reconnaissant que dans le cours général du développement historique le matériel détermine le spirituel, l'être social détermine la conscience sociale, nous reconnaissons et devons reconnaître l'action en retour du spirituel sur le matériel, de la conscience sociale sur l'être social, de la superstructure sur la base économique.
Ce faisant, nous ne contredisons pas le matérialisme, mais, évitant de tomber dans le matérialisme mécaniste, nous nous en tenons fermement au matérialisme dialectique.
«De la contradiction» (Août 1937), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.
Ceux qui dirigent la guerre ne peuvent s'attendre à remporter la victoire en sortant du cadre défini par les conditions objectives, mais ils peuvent et ils doivent s'efforcer de remporter la victoire, par leur action consciente, dans ce cadre même.
La scène où se déroulent leurs activités est bâtie sur ce qui est permis par les conditions objectives, mais ils peuvent, sur cette scène, conduire des actions magnifiques, d'une grandeur épique.
«De la guerre prolongée» (Mai 1938), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome II.
Les idées des hommes doivent s'adapter aux changements de circonstances. Bien entendu, nul ne doit donner libre cours à des idées sans fondement, élaborer des pians d'action qui aillent au-delà des conditions objectives, et tenter d'entreprendre malgré tout ce qui est en fait impossible.
Mais, le problème qui se pose aujourd'hui est toujours celui de l'action néfaste des idées conservatrices de droite qui, dans de nombreux domaines, empêche d'adapter le travail au développement des conditions objectives.
Actuellement le problème est que beaucoup de gens jugent impossible d'accomplir ce qui pourrait être accompli au prix de certains efforts.
Préface à L'Essor du socialisme dans les campagnes chinoises (27 décembre 1955).
Nous devons toujours utiliser notre cerveau et bien réfléchir à chaque chose. Un dicton affirme: «Un froncement de sourcils, et un stratagème vient à l'esprit.»
En d'autres termes, mûre réflexion engendre sagesse.
Pour nous débarrasser de la pratique, répandue dans notre Parti, d'agir à l'aveuglette, nous devons encourager nos camarades à réfléchir, à apprendre la méthode de l'analyse et à en cultiver l'habitude.
«Notre étude et la situation actuelle» (12 avril 1944), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.
Si un processus comporte plusieurs contradictions, il y en a nécessairement une qui est la principale et qui joue le rôle dirigeant, déterminant, alors que les autres n'occupent qu'une position secondaire, subordonnée.
Par conséquent, dans l'étude de tout processus complexe où il existe deux contradictions ou davantage, nous devons nous efforcer de trouver la contradiction principale.
Lorsque celle-ci est trouvée, tous les problèmes se résolvent aisément.
«De la contradiction» (Août 1937), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.
Des deux aspects contradictoires, l'un est nécessairement principal, l'autre secondaire. Le principal, c'est celui qui joue le rôle dominant dans la contradiction.
Le caractère des choses et des phénomènes est surtout déterminé par cet aspect principal de la contradiction, lequel occupe la position dominante.
Mais cette situation n'est pas statique; l'aspect principal et l'aspect secondaire de la contradiction se convertissent l'un en l'autre et le caractère des phénomènes change en conséquence.
«De la contradiction» (Août 1937), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.
Il ne suffit pas de fixer les tâches, il faut encore résoudre le problème des méthodes qui permettent de les accomplir.
Supposons que notre tâche soit de traverser une rivière; nous n'y arriverons pas si nous n'avons ni pont ni bateau.
Tant que la question du pont ou du bateau n'est pas résolue, à quoi bon parler de traverser la rivière?
Tant que la question des méthodes n'est pas résolue, discourir sur les tâches n'est que bavardage inutile.
«Soucions-nous davantage des conditions de vie des masses et portons plus d'attention à nos méthodes de travail» (27 janvier 1934), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.
Pour l'accomplissement de quelque tâche que ce soit, il est impossible, sans lancer un appel général, d'entraîner les masses à l'action.
Mais si les dirigeants se bornent à cet appel, s'ils ne s'occupent pas personnellement, de façon concrète et approfondie, dans quelques-unes des organisations, de l'exécution du travail pour lequel ils ont lancé l'appel — en sorte que, après avoir obtenu un premier résultat, ils puissent, grâce à l'expérience acquise, orienter le travail dans les autres secteurs qu'ils dirigent —, ils ne seront pas à même de vérifier si l'appel général est juste, ni d'enrichir son contenu; et cet appel général ris que alors de n'aboutir à rien.
«A propos des méthodes de direction» (Ier juin 1943), Œuvres choisie, de Mao Tsétoung, tome III.
Aucun responsable ne peut assumer direction générale des unités qui lui se confiées s'il n'acquiert pas l'expérience pratique dans quelques-unes d'entre elles, auprès de certaines personnes et sur des questions déterminées.
Il faut populariser largement cette méthode, afin que les cadres dirigeants à tous les échelons sachent l'appliquer.
«A propos des méthodes de direction» (Ier juin 1943), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.
Dans une région, il ne saurait y avoir en même temps plusieurs tâches centrales; pour une période donnée, il ne peut y en avoir qu'une seule, à laquelle s'ajoutent d'autres tâches de deuxième ou de troisième ordre.
C'est pourquoi le principal responsable d'une région doit, en tenant compte de l'histoire et des circonstances de la lutte dans cette région, accorder à chacune des tâches la place qui lui revient; il ne doit pas agir sans aucun plan, en passant d'une tâche à l'autre à mesure que les instructions lui parviennent, car cela donnerait lieu à autant de «tâches centrales» et aboutirait à la confusion et au désordre.
Les organismes supérieurs, pour leur part, ne doivent pas assigner aux organismes inférieurs beaucoup de tâches à la fois sans les classer selon leur degré d'importance et d'urgence et sans spécifier laquelle est la tâche centrale; car cela désorganiserait le travail des organismes inférieurs et les empêcherait d'obtenir les résultats prévus.
Un dirigeant doit considérer la situation dans son ensemble, à la lumière des conditions historiques et des circonstances dans une région donnée, déterminer correctement le centre de gravité et l'ordonnance du travail pour chacune des périodes envisagées, puis faire appliquer fermement la décision prise afin que des résultats certains soient obtenus; cela relève de l'art de diriger.
«A propos des méthodes de direction» (Ier juin 1945), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.
Il faut se mettre constamment au courant de la marche du travail, échanger les expériences et corriger les erreurs; il ne faut pas attendre plusieurs mois, un semestre ou une année pour faire, dans des réunions récapitulatives, la somme des erreurs et procéder à une rectification générale. L'attente entraînerait de graves préjudices, alors qu'on en subit moins si les erreurs sont corrigées au fur et à mesure qu'elles surgissent.
«A propos de la politique concernant l'industrie et le commerce» (27 février 1948), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.
N'attendez pas, pour les résoudre, que les problèmes s'accumulent et donnent lieu à de multiples complications. Les dirigeants doivent prendre la tête du mouvement et non pas rester à la traîne.
Note sur l'article: «Le Travail saisonnier à la tâche» (1955), L'Essor du socialisme dans les campagnes chinoises.
Ce qu'il nous faut, c'est un état d'esprit enthousiaste mais calme, et une activité intense mais bien ordonnée.
«Problèmes stratégiques de la guerre révolutionnaire en Chine» (Décembre 1936)) Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.
XXIII. ENQUETES ET RECHERCHES
Quiconque fait un travail pratique doit mener des enquêtes à la base. Pour ceux qui ne comprennent que la théorie, sans rien connaître de la situation réelle, il est d'autant plus nécessaire de procéder à de telles enquêtes, sous peine de ne pouvoir lier la théorie à la pratique.
«Sans enquête, pas de droit à la parole» — cette assertion qu'on a tournée en dérision en la taxant d'«empirisme étroit», je n'ai jamais regretté de l'avoir avancée; je persiste au contraire à soutenir qu'à moins d'avoir enquêté on ne peut prétendre au droit à la parole.
Il en est beaucoup qui, «à peine descendus de leur char», s'égosillent, prononcent des harangues, distribuent leurs avis, critiquant ceci, blâmant cela; en fait, sur dix d'entre eux, dix vont au-devant d'un échec.
Car leurs discours, leurs critiques, qui ne se fondent sur aucune enquête minutieuse, ne sont que bavardages. Les torts causés à notre Parti par ces «envoyés impériaux» sont innombrables.
Et pourtant, ceux-ci sont omniprésents; presque partout on en rencontre.
Staline dit fort justement que «la théorie devient sans objet si elle n'est pas rattachée à la pratique révolutionnaire». Bien entendu, il a encore raison d'ajouter que «la pratique devient aveugle si sa voie n'est pas éclairée par la théorie révolutionnaire». Hormis ces praticiens aveugles, sans perspectives ni prévoyance, nul ne peut être accusé d'«empirisme étroit».
«Préface et postface aux Enquêtes à la campagne» (Mars et avril 1941), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.
Une telle attitude consiste à rechercher la vérité dans les faits. Les «faits», ce sont les choses et les phénomènes tels qu'ils existent objectivement; la «vérité», c'est le lien interne de ces choses et phénomènes, c'est-à-dire les lois qui les régissent; «rechercher», c'est étudier.
Nous devons partir de la situation réelle à l'intérieur et à l'extérieur du pays, de la province, du district et de l'arrondissement, en dégager, pour guider notre action, les lois qui sont propres à cette situation et non pas engendrées par notre imagination, c'est-à-dire trouver le lien interne des événements qui se déroulent autour de nous.
Pour cela, nous devons, en comptant non sur nos idées subjectives, sur l'élan d'un instant, sur la connaissance livresque, mais sur les faits tels qu'ils existent objectivement, recueillir minutieusement les matériaux et, à à lumière des principes généraux du marxisme-léninisme, en tirer des conclusions justes.
«Réformons notre étude» (Mai 1941), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.
Nombre de camarades du Parti ont encore un très mauvais style de travail, diamétralement opposé à l'esprit même du marxisme-léninisme; ils sont comme l'homme qui «tente d'attraper un moineau les yeux bandés» ou comme «l'aveugle qui cherche à saisir un poisson», ils ne travaillent pas soigneusement, se complaisent dans des bavardages prétentieux et se contentent de bribes de connaissances mal assimilées.
Marx, Engels, Lénine et Staline nous enseignent qu'il faut étudier consciencieusement la situation, en partant de la réalité objective et non de nos désirs subjectifs.
Et pourtant, nombre de nos camarades agissent directement à l'encontre de cette vérité.
«Réformons notre étude» (Mai 1941), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.
Vous ne pouvez pas résoudre un problème? Eh bien! allez vous informer de son état actuel et de son historique! Quand votre enquête vous aura permis de tout élucider, vous saurez comment le résoudre.
Les conclusions se dégagent au terme de l'enquête et non à son début.
Il n'y a que les sots qui, seuls ou à plusieurs, sans faire aucune enquête, se mettent l'esprit à la torture pour «trouver une solution», «découvrir une idée».
Sachons bien qu'aucune bonne solution, aucune bonne idée ne peut sortir de là.
«Contre le culte du livre» (Mai 1930).
L'enquête est comparable à une longue gestation, et la solution d'un problème au jour de la délivrance. Enquêter sur un problème, c'est le résoudre.
«Contre le culte du livre» (Mai 1930).
Nous devons procéder à des enquêtes et à une étude systématiques et minutieuses sur la réalité environnante, en appliquant la théorie et la méthode marxistes-léninistes.
Dans notre travail, ne nous fions pas à notre seul enthousiasme, mais agissons, comme le dit Staline, en unissant l'élan révolutionnaire et le sens pratique.
«Réformons notre étude» (Mai 1941), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.
La seule méthode qui permette de connaître une situation, c'est d'enquêter sur la société, sur la réalité vivante des classes sociales.
Ceux qui assument un travail de direction se consacreront, suivant un plan défini, à quelques villes, à quelques villages, pour y effectuer des enquêtes minutieuses, en appliquant le point de vue essentiel du marxisme, c'est-à-dire en procédant à l'analyse des classes; voilà la méthode fondamentale pour connaître une situation.
«Préface et postface aux Enquêtes à la campagne» (Mars et avril 1941), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.
Une réunion d'enquête n'a pas besoin d'être bien nombreuse: trois à cinq personnes, mettons sept ou huit. Pour chaque réunion, il faut prendre tout le temps nécessaire, avoir un questionnaire préparé d'avance, poser les questions et noter les réponses soi-même, entrer en discussion avec les participants.
L'enquête sera donc impossible, ou ne donnera pas de bons résultats, si l'on n'a pas un enthousiasme ardent, la détermination de se tourner vers la base, la soif de connaître, si l'on n'a pas le courage de rabattre son orgueil pour accepter d'être un écolier.
«Préface et postface aux Enquêtes à la campagne» (Mars et avril 1941), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.
La juste disposition des troupes découle de la juste décision du commandant, et celle-ci, de la juste appréciation de la situation, appréciation fondée elle-même sur une reconnaissance minutieuse et indispensable, dont les renseignements ont été passés au crible d'une réflexion systématique.
Le commandant utilise tous les moyens d'information possibles et nécessaires; il pèse les informations recueillies sur l'ennemi, rejetant la balle pour conserver le grain, écartant ce qui est fallacieux pour ne garder que le vrai, procédant d'une chose à une autre, de l'externe à l'interne; puis, tenant compte de ses propres conditions, il fait une étude comparée de la situation des deux parties et de leurs relations mutuelles; alors il forme son jugement, prend sa décision et établit ses plans.
Tel est le processus complet de la connaissance d'une situation par lequel un chef militaire doit passer avant d'élaborer son plan stratégique, son plan de campagne ou de combat.
«Problèmes stratégiques de la guerre révolutionnaire en Chine» (Décembre 1936), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.
XXIV. L'ELIMINATION DES CONCEPTIONS ERRONEES
Même si notre travail est couronné des plus grands succès, nous n'avons aucune raison de nous en glorifier. On fait des progrès quand on est modeste, tandis que l'orgueil fait retomber en arrière: gardons toujours cette vérité présente à l'esprit.
«Allocution d'ouverture au VIIIe Congrès du Parti communiste chinois» (15 septembre 1956).
Avec la victoire, certains états d'esprit peuvent se faire jour dans le Parti: orgueil, prétention d'être homme de mérite, inertie et répugnance à aller de l'avant, recherche des agréments de la vie et refus de mener encore une vie difficile.
Avec la victoire, le peuple nous sera reconnaissant et la bourgeoisie viendra nous flatter.
L'ennemi ne peut nous vaincre par la force des armes, ceci a été prouvé.
Cependant, les flatteries de la bourgeoisie peuvent conquérir les volontés faibles dans nos rangs.
Il peut y avoir de ces communistes que l'ennemi armé n'a pu vaincre, qui se conduisaient devant l'ennemi en héros dignes de ce nom, mais qui, incapables de résister aux balles enrobées de sucre, tomberont sous ces balles.
Nous devons prévenir pareil état de choses.
«Rapport à la deuxième session plénière du Comité central issu du VIIe Congrès du Parti communiste chinois» (5 mars 1949), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.
Beaucoup de choses peuvent devenir un fardeau, une charge, si nous nous y attachons aveuglément et inconsciemment. Prenons quelques exemples.
Si vous avez fait des fautes, peut-être avez-vous le sentiment que, de toute façon, elles vous resteront sur le dos, et vous voilà découragé; si vous n'avez pas commis d'erreurs, vous pouvez vous croire infaillible et en tirer vanité.
Le manque de succès dans le travail peut engendrer le pessimisme et l'abattement, la réussite susciter l'orgueil et l'arrogance.
Un camarade qui n'a encore qu'une brève expérience de la lutte peut, de ce fait, chercher à se dérober aux responsabilités, tandis qu'un vétéran peut se buter à cause de son long passé de lutte.
Le camarade ouvrier ou paysan, fier de son origine de classe, peut regarder de haut l'intellectuel, tandis que celui-ci, à cause des quelques connaissances qu'il possède, peut avoir du dédain pour le camarade ouvrier ou paysan.
Toute qualification professionnelle peut devenir un capital personnel, qui mène à l'arrogance et au mépris d'autrui.
Même l'âge peut être un motif de vanité.
Les jeunes, se croyant intelligents et capables, mésestiment les vieux; et ceux-ci, parce qu'ils sont riches d'expérience, dédaignent les jeunes. Tout cela devient charge ou fardeau quand la conscience critique fait défaut.
«Notre étude et la situation actuelle» (12 avril 1944), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.
Certains camarades qui travaillent dans l'armée sont devenus arrogants et se conduisent d'une manière arbitraire à l'égard des soldats, du peuple, du gouvernement et du Parti.
Ils rendent responsables de tout ce qui ne va pas les camarades travaillant dans le secteur civil; quant à eux, ils s'estiment au-dessus de tout reproche; ils ne voient que leurs succès et sont aveugles à leurs défauts; ils n'aiment que les louanges et ne supportent aucune critique. . . .
L’armée doit s'employer sérieusement à vaincre ces défauts.
«Organisez-vous !» (29 novembre 1943), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.
Un dur travail est comme une charge placée devant nous et qui nous défie de la hisser sur nos épaules. Certaines charges sont légères, d'autres sont lourdes.
Il y a des gens qui, préférant les charges légères aux lourdes, choisissent les légères et laissent les lourdes aux autres.
Ce n'est pas une bonne attitude. D'autres camarades se comportent différemment; ils laissent les avantages aux autres et portent eux-mêmes les lourdes charges; ils sont les premiers à supporter les épreuves, les derniers à jouir du bien-être.
Ce sont de bons camarades.
Nous devons tous prendre exemple sur leur esprit communiste.
«Sur les négociations de Tchongking» (17 octobre 1945), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.
Ils ne sont pas rares ceux à qui manque le sens des responsabilités dans leur travail, qui choisissent les tâches faciles et se dérobent aux besognes pénibles, laissant aux autres le fardeau le plus lourd et prenant la charge la plus légère.
En toute chose, ils pensent d'abord à eux-mêmes, aux autres après.
A peine ont-ils accompli quelque effort, craignant qu'on ne s'en soit pas aperçu, ils s'en vantent et s'enflent d'orgueil.
Ils n'éprouvent point de sentiments chaleureux pour les camarades et pour le peuple, ils n'ont à leur endroit que froideur, indifférence, insensibilité.
En vérité, ces gens-là ne sont pas des communistes ou, du moins, ne peuvent être considérés comme de vrais communistes.
«A la mémoire de Norman Béthune» (21 décembre 1939), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome II.
L'esprit d'«indépendance» est souvent inséparable de la tendance à mettre son «moi» au premier plan. Ceux qui y sont enclins ont fréquemment une manière incorrecte d'aborder le problème des rapports entre i'individu et le Parti.
En paroles, ils respectent, eux aussi, le Parti, mais dans la pratique, ils placent leur personne au premier plan et le Parti au second. Dans quel but ces gens se mettent-ils en quatre?
Ils recherchent les honneurs, ils convoitent une position, ils veulent paraître. Quand ils ont la charge d'un secteur de travail, ils réclament immédiatement leur «indépendance».
A cette fin, ils séduisent les uns, écartent les autres, recourent à la flatterie et au racolage parmi les camarades; ils transportent dans le Parti communiste les mœurs viles des partis bourgeois. La malhonnêteté les perd. J'estime qu'il nous faut travailler avec honnêteté.
Sinon, il est absolument impossible d'accomplir quelque chose d'utile dans le monde.
«Pour un style correct de travail dans le Parti» (Ier février 1942), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.
Les communistes doivent comprendre cette vérité: il est indispensable de subordonner les besoins de la partie à ceux de l'ensemble.
Si une proposition correspond seulement à une situation particulière, et non à la situation générale, il faut subordonner la partie au tout.
Il en va de même dans le cas inverse: si une proposition ne correspond pas à une situation particulière mais à la situation générale, il faut également subordonner la partie au tout.
Voilà ce que veut dire tenir compte de la situation d'ensemble.
«Le Rôle du Parti communiste chinois dans la guerre nationale» (Octobre 1938), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome II.
Le goût des plaisirs.
Dans l'Armée rouge, nombreux sont ceux chez qui l'individualisme se manifeste par le goût des plaisirs. Ils voudraient toujours que nos troupes se dirigent vers les grandes villes, non pour le travail, mais pour les plaisirs.
Surtout, ils répugnent à travailler dans les régions rouges, où les conditions de vie sont difficiles.
«L'Elimination des conceptions erronées dans le Parti» (Décembre 1929), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome I.
Il faut lutter contre les tendances particularistes qui consistent à ne tenir compte que de ses propres intérêts en négligeant ceux des autres.
Tous ceux qui restent indifférents devant les difficultés des autres, qui repoussent leurs demandes d'envoi de cadres ou ne leur en cèdent que de mauvais, qui «considèrent le champ du voisin comme leur déversoir», qui se désintéressent complètement des autres unités, régions ou secteurs de travail sont des particularistes. Ils ont entièrement perdu l'esprit communiste.
Ce qui les caractérise, c'est le refus de considérer les intérêts de l'ensemble, c'est l'indifférence totale à l'égard des autres unités, régions ou secteurs de travail. Il faut renforcer l'éducation de ces gens pour leur faire comprendre que ce sont là des tendances sectaires qui risqueraient de devenir très dangereuses si on leur laissait libre cours.
«Pour un style correct de travail dans le Parti» (Ier février 1942), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome III.
Le libéralisme se manifeste sous diverses formes.
On sait très bien que quelqu'un est dans son tort, mais comme c'est une vieille connaissance, un compatriote, un camarade d'école, un ami intime, une personne aimée, un ancien collègue ou subordonné, on n'engage pas avec lui une discussion sur les principes et on laisse aller les choses par souci de maintenir la bonne entente et l'amitié.
Ou bien, on ne fait qu'effleurer la question au lieu de la trancher, afin de rester en bons termes avec l'intéressé.
Il en résulte qu'on fait du tort à la collectivité comme à celui-ci.
C'est une première forme de libéralisme.
On se livre, en privé, à des critiques dont on n'assume pas la responsabilité au lieu de s'employer à faire des suggestions à l'organisation. On ne dit rien aux gens en face, on fait des cancans derrière leur dos; on se tait à la réunion, on parle à tort et à travers après.
On se moque du principe de la vie collective, on n'en fait qu'à sa tête.
C'est une deuxième forme de j libéralisme.
On se désintéresse complètement de tout ce qui ne vous concerne pas; même si l'on sait très bien ce qui ne va pas, on en parle le moins possible; en homme sage, on se met à l'abri et on a pour seul souci de n'être pas pris soi-même en défaut.
C'en est la troisième forme.
On n'obéit pas aux ordres, on place ses opinions personnelles au-dessus de tout. On n'attend que des égards de l'organisation et on ne veut pas de sa discipline.
C'en est la quatrième forme.
Au lieu de réfuter, de combattre les opinions erronées dans l'intérêt de l'union, du progrès et du bon accomplissement du travail, on lance des attaques personnelles, on cherche querelle, on exhale son ressentiment, on essaie de se venger.
C'en est la cinquième forme.
On entend des opinions erronées sans élever d'objection, on laisse même passer des propos contre-révolutionnaires sans les signaler: on les prend avec calme, comme si de rien n'était.
C'en est la sixième forme.
On se trouve avec les masses, mais on ne fait pas de propagande, pas d'agitation, on ne prend pas la parole, on ne s'informe pas, on ne questionne pas, on n'a pas à cœur le sort du peuple, on reste dans l'indifférence, oubliant qu'on est un communiste et non un simple particulier.
C'en est la septième forme.
On voit quelqu'un commettre des actes nuisibles aux intérêts des masses, mais on n'en est pas indigné, on ne l'en détourne pas, on ne l'en empêche pas, on n'entreprend pas de l'éclairer sur ce qu'il fait et on le laisse continuer.
C'en est la huitième forme.
On ne travaille pas sérieusement mais;, pour la forme, sans plan ni orientation; cahin-caha: «Bonze, je sonne les cloches au jour le jour».
C'en est la neuvième forme.
On croit avoir rendu des services à la révolution et on se donne des airs de vétéran; on est incapable de faire de grandes, choses, mais on dédaigne les tâches mineures; on se relâche dans le travail et dans l'étude.
C'en est la dixième forme.
On a commis des erreurs, on s'en rend compte, mais on n'a pas envie de les corriger, faisant preuve ainsi de libéralisme envers soi-même.
C'en est la onzième forme.
«Contre le libéralisme» (7 septembre 1937), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome II.
Le libéralisme est extrêmement nuisible; dans les collectivités révolutionnaires. C'est un corrosif qui ronge l'unité, relâche les liens de solidarité, engendre la passivité dans le travail, crée des divergences d'opinions.
Il prive les rangs de la révolution d'une organisation solide et d'une discipline rigoureuse, empêche l'application intégrale de la politique et coupe les organisations du Parti des masses populaires placées sous la direction du Parti.
C'est une tendance des plus pernicieuses.
«Contre le libéralisme» (7 septembre 1937), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome II.
Ceux qui sont imbus de libéralisme considèrent les principes du marxisme comme des dogmes abstraits. Ils approuvent le marxisme, mais ne sont pas disposés à le mettre en pratique ou à le mettre intégralement en pratique; ils ne sont pas disposés à remplacer leur libéralisme par le marxisme.
Ils ont fait provision de l'un comme de l'autre: ils ont le marxisme à la bouche, mais pratiquent le libéralisme; ils appliquent le premier aux autres, le second à eux-mêmes.
Ils ont les deux articles et chacun a son usage.
Telle est la façon de penser de certaines gens.
«Contre le libéralisme» (7 septembre 1937), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome II.
L'Etat populaire protège le peuple.
C'est seulement lorsque le peuple dispose d'un tel Etat qu'il peut, par des méthodes démocratiques, s'éduquer et se réformer à l'échelle nationale et, avec la participation de tous, se débarrasser de l'influence des réactionnaires de l'intérieur et de l'étranger (influence très grande encore à l'heure actuelle, qui subsistera longtemps et ne pourra pas être détruite rapidement), rejeter les habitudes et idées néfastes acquises dans l'ancienne société, éviter de se laisser entraîner dans une fausse direction par les réactionnaires et continuer à avancer vers la société socialiste et la société communiste.
«De la dictature démocratique populaire» (30 juin 1949), Œuvres choisies de Mao Tsétoung, tome IV.
Il n'est pas difficile à un homme de faire quelques bonnes actions; ce qui est difficile, c'est d'agir bien toute sa vie, sans jamais rien faire de mal.
Mener un combat ardu pendant plusieurs dizaines d'années, comme durant une seule et même journée, et cela toujours dans l'intérêt des larges masses, des jeunes et de la révolution, voilà ce qu'il y a de plus difficile!
«Félicitations au camarade Wou Yu-tchang à l'occasion de ses 60 ans» (15 janvier 1940).