MAO ZEDONG
VI.
LA PLACE DE L'ANTAGONISME
DANS LA CONTRADICTION
Dans le problème de la
lutte des contraires est incluse la question de savoir ce qu'est
l'antagonisme. A cette question, nous répondons que l'antagonisme
est l'une des formes et non l'unique forme de la lutte des contraires.
Dans l'histoire de l'humanité,
l'antagonisme entre les classes existe en tant qu'expression
particulière de la lutte des contraires. Considérons
la contradiction entre la classe des exploiteurs et celle des
exploités: Ces deux classes en contradiction coexistent
pendant une période prolongée dans la même
société, qu'elle soit esclavagiste, féodale
ou capitaliste, et elles luttent entre elles; mais c'est seulement
lorsque la contradiction entre les deux classes a atteint un
certain stade de son développement qu'elle prend la forme
d'un antagonisme ouvert et aboutit à la révolution.
Il en va de même de la transformation de la paix en guerre
dans la société de classes.
Dans une bombe, avant l'explosion,
les contraires, par suite de conditions déterminées,
coexistent dans l'unité. Et c'est seulement avec l'apparition
de nouvelles conditions (allumage) que se produit l'explosion.
Une situation analogue se retrouve dans tous les phénomènes
de la nature où, finalement, la solution d'anciennes contradictions
et la naissance de choses nouvelles se produisent sous forme
de conflits ouverts.
Il est extrêmement important
de connaître ce fait. Il nous aide à comprendre
que, dans la société de classes, les révolutions
et les guerres révolutionnaires sont inévitables,
que, sans elles, il est impossible d'obtenir un développement
par bonds de la société, de renverser la classe
réactionnaire dominante et de permettre au peuple de prendre
le pouvoir.
Les communistes doivent dénoncer
la propagande mensongère des réactionnaires affirmant
par exemple que la révolution sociale n'est pas nécessaire
et qu'elle est impossible; ils doivent s'en tenir fermement à
la théorie marxiste-léniniste de la révolution
sociale et aider le peuple à comprendre que la révolution
sociale est non seulement tout à fait nécessaire
mais entièrement possible, que l'histoire de toute l'humanité
et la victoire de la révolution en Union soviétique
confirment cette vérité scientifique.
Toutefois, nous devons étudier
d'une manière concrète les différentes situations
dans lesquelles se trouve la lutte des contraires et éviter
d'appliquer hors de propos à tous les phénomènes
le terme mentionné ci-dessus. Les contradictions et la
lutte sont universelles, absolues, mais les méthodes pour
résoudre les contradictions, c'est-à-dire les formes
de lutte, varient selon le caractère de ces contradictions:
certaines contradictions revêtent le caractère d'un
antagonisme déclaré, d'autres non.
Suivant le développement
concret des choses et des phénomènes, certaines
contradictions primitivement non antagonistes se développent
en contradictions antagonistes, alors que d'autres, primitivement
antagonistes, se développent en contradictions non antagonistes.
Comme il a été
dit plus haut, tant que les classes existent, les contradictions
entre les idées justes et les idées erronées
dans le parti communiste sont le reflet, au sein de ce parti,
des contradictions de classes. Au début ou dans certaines
questions, ces contradictions peuvent ne pas se manifester tout
de suite comme antagonistes. Mais avec le développement
de la lutte des classes, elles peuvent devenir antagonistes.
L'histoire du Parti communiste
de l'U.R.S.S. nous montre que les contradictions entre les conceptions
justes de Lénine et de Staline et les conceptions erronées
de Trotski36, Boukharine et autres ne se sont pas manifestées
d'abord sous une forme antagoniste, mais que, par la suite, elles
sont devenues antagonistes.
Des cas semblables se sont présentés
dans l'histoire du Parti communiste chinois. Les contradictions
entre les conceptions justes de nombreux camarades de notre Parti
et les conceptions erronées de Tchen Tou-sieou, Tchang
Kouo-tao37 et autres ne se sont pas manifestées non plus,
au début, sous une forme antagoniste, mais elles sont
devenues antagonistes plus tard.
Actuellement, les contradictions
entre les conceptions justes et les conceptions erronées,
au sein de notre Parti, n'ont pas pris une forme antagoniste,
elles n'iront pas jusqu'à l'antagonisme si les camarades
qui ont commis des erreurs savent les corriger. C'est pourquoi
le Parti doit, d'une part, mener une lutte sérieuse contre
les conceptions erronées, mais, d'autre part, donner pleine
possibilité aux camarades qui ont commis des erreurs d'en
prendre conscience. Dans ces circonstances, une lutte poussée
à l'excès est évidemment inadéquate.
Toutefois, si ceux qui ont commis des erreurs persistent dans
leur attitude et les aggravent, ces contradictions peuvent devenir
antagonistes.
Les contradictions économiques
entre la ville et la campagne sont d'un antagonisme extrême
tant dans la société capitaliste, où la
ville, contrôlée par la bourgeoisie, pille impitoyablement
la campagne, que dans les régions du Kuomintang en Chine,
où la ville, contrôlée par l'impérialisme
étranger et la grande bourgeoisie compradore chinoise,
pille la campagne avec une férocité inouïe.
Mais dans un pays socialiste
et dans nos bases révolutionnaires, ces contradictions
antagonistes sont devenues non antagonistes et elles disparaîtront
dans la société communiste.
Lénine dit: "Antagonisme
et contradiction ne sont pas du tout une seule et même
chose. Sous le socialisme, le premier disparaîtra, la seconde
subsistera38." Cela signifie que l'antagonisme n'est qu'une
des formes, et non l'unique forme, de la lutte des contraires,
et qu'il ne faut pas employer ce terme partout sans discernement.
CONCLUSION
Nous pouvons, maintenant, conclure
brièvement.
La loi de la contradiction inhérente
aux choses et aux phénomènes, c'est-à-dire
la loi de l'unité des contraires, est la loi fondamentale
de la nature et de la société, et partant la loi
fondamentale de la pensée. Elle est à l'opposé
de la conception métaphysique du monde.
Sa découverte a constitué
une grande révolution dans l'histoire de la connaissance
humaine. Selon le point de vue du matérialisme dialectique,
la contradiction existe dans tous les processus qui se déroulent
dans les choses et les phénomènes objectifs et
dans la pensée subjective, elle pénètre
tous les processus, du début à la fin; c'est en
cela que résident l'universalité et le caractère
absolu de la contradiction. Chaque contradiction et chacun de
ses aspects ont leurs particularités respectives; c'est
en cela que résident le caractère spécifique
et le caractère relatif de la contradiction.
Dans des conditions déterminées,
il y a identité des contraires, ceux-ci peuvent donc coexister
dans l'unité et se transformer l'un en l'autre; c'est
en cela également que résident le caractère
spécifique et le caractère relatif de la contradiction.
Toutefois, la lutte des contraires est ininterrompue, elle se
poursuit aussi bien pendant leur coexistence qu'au moment de
leur conversion réciproque, où elle se manifeste
avec une évidence particulière.
C'est en cela, à nouveau,
que résident l'universalité et le caractère
absolu de la contradiction. Lorsque nous étudions le caractère
spécifique et le caractère relatif de la contradiction,
nous devons prêter attention à la différence
entre la contradiction principale et les contradictions secondaires,
entre l'aspect principal et l'aspect secondaire de la contradiction;
lorsque nous étudions l'universalité de la contradiction
et la lutte des contraires, nous devons prêter attention
à la différence entre les formes variées
de lutte; sinon, nous commettrons des erreurs.
Si, à l'issue de notre
étude, nous avons une idée claire des points essentiels
ci-dessus exposés, nous pourrons battre en brèche
les conceptions dogmatiques qui enfreignent les principes fondamentaux
du marxisme-léninisme et qui nuisent à notre cause
révolutionnaire; et nos camarades qui ont de l'expérience
seront en mesure d'ériger celle-ci en principes et d'éviter
la répétition des erreurs de l'empirisme. Telle
est la brève conclusion à laquelle nous conduit
l'étude de la loi de la contradiction.
NOTES
(1)V. I. Lénine: Notes
sur les Leçons d'histoire de la -philosophie de Hegel,
tome premier, "Ecole des Eléates" dans "Résumé
des Leçons d'histoire
de la philosophie de Hegel" (1915).
(2)Voir V. I. Lénine:
"A propos de la dialectique" (1915), où il dit:
"Le dédoublement de ce qui est un et la connaissance
de ses parties contradictoires (voir, dans l'Heraclite de Lassalle,
la citation de Philon sur Heraclite au début de la IIIe
partie, De la Connaissance) constituent le fond (une des 'essences',
une des particularités ou traits principaux, sinon le
principal) de la dialectique." Et également les notes
sur "La Science de la logique de Hegel", livre trois,
troisième section: "L'idée" dans "Résumé
de La Science de la logique de Hegel" (septembre-décembre
1914), où Lénine dit:
"On peut brièvement définir la dialectique
comme la théorie de l'unité des contraires. Par
là on saisira le noyau de la dialectique, mais cela exige
des explications et un développement."
(3)A. M. Déborine (1881-1963),
philosophe soviétique et membre de l'Académie des
Sciences de l'U.R.S.S. C'est en 1930 que les milieux philosophiques
en Union soviétique commencèrent à critiquer
l'école de Déborine en montrant que ces erreurs
- divorce de la théorie avec la pratique et de la philosophie
avec la politique - étaient de caractère idéaliste.
(4)V. I. Lénine: "A
propos de la dialectique".
(5)Paroles de Tong Tchong-chou
(179-104 av.J.-C.), célèbre représentant
du confucianisme sous la dynastie des Han.
(6)F. Engels: "Dialectique.
Quantité et qualité", Anti-Duhring (1877-1878),
première partie, chapitre douze.
(7)V. I. Lénine: "A
propos de la dialectique".
(8)F. Engels: "Dialectique.
Quantité et qualité", Anti-Duhring, première
partie, chapitre douze.
(9)V. I. Lénine: "A
propos de la dialectique".
(10)N. I. Boukharine (1888-1938),
chef d'un groupe antiléniniste au sein du mouvement révolutionnaire
russe. Il fut plus tard exclu du Parti en 1937 et condamné
à mort par le Tribunal suprême de l'U.R.S.S. en
1938, pour avoir fait partie d'un groupe de traîtres à
la nation. Le camarade Mao Tsétoung critique ici le point
de vue erroné longtemps défendu par Boukharine
et qui consistait à dissimuler les contradictions de classes
et à substituer la collaboration de classes à la
lutte de classes. Dans les années 1928-1929, alors que
l'Union soviétique se préparait à la collectivi-sation
intégrale de l'agriculture, Boukharine soutenait plus
ouvertement que jamais son point de vue erroné, s'efforçant
d'estomper les contradictions de classes entre les koulaks et
les paysans pauvres et moyens et de s'opposer à une lutte
résolue contre les koulaks. En outre, il prétendait
que la classe ouvrière pourrait former une alliance avec
les koulaks et que ces derniers pourraient "s'intégrer
pacifiquement dans le socialisme".
(11)V. I. Lénine: "A
propos de la dialectique".
(12)Voir V. I. Lénine:
"Le Communisme" (12 juin 1920), où l'auteur,
critiquant le dirigeant du Parti communiste de Hongrie Bêla
Kun, disait qu'"il oublie ce qui est la substance même,
l'âme vivante du marxisme: l'analyse concrète d'une
situation concrète."
(13)Souentse (Souen Wou), célèbre
stratège et théoricien militaire du Ve siècle
av. J.-C., auteur du traité du même nom, en 15 chapitres.
Cette citation est extraite du "Plan de l'attaque",
Souentse, chapitre III.
(14)Homme politique et historien,
Wei Tcheng (580-643) vécut au début de la dynastie
des Tang.
(15)Chouel hou tchouan (Au bord
de l'eau), célèbre roman chinois du XIVe siècle,
qui décrit une guerre paysanne des dernières années
de la dynastie des Song du Nord. Le village Tchoukiatchouang
se trouvait non loin de Liangchanpo, où Song Kiang, chef
de l'insurrection paysanne et héros du roman, avait établi
sa base. Le maître
de ce village était un véritable despote, le grand
propriétaire foncier Tchou.
(16)V. I. Lénine: "A nouveau les syndicats, la situation
actuelle et les erreurs de Trotski et Boukharine" (janvier
1921).
(17)Révolution bourgeoise
qui renversa le gouvernement autocratique des Tsing. Le 10 octobre
1911, une partie de la Nouvelle Armée qui avait subi l'influence
de la révolution se souleva à Woutchang.
Puis, des sociétés
révolutionnaires de la bourgeoisie et de la petite bourgeoisie
ainsi que les larges masses des ouvriers, des paysans et des
soldats firent écho avec enthousiasme à ce soulèvement
dans différentes provinces, ce qui entraîna bientôt
l'écroulement du régime réactionnaire des
Tsing. En janvier 1912, le Gouvernement provisoire de la République
chinoise fut proclamé à Nankin et Sun Yat-sen devint
président provisoire de la République.
La monarchie féodale qui
avait régné sur la Chine pendant plus de deux mille
ans fut abolie, et la conception d'une république démocratique
commença à s'implanter dans les esprits. Mais la
bourgeoisie qui dirigeait cette révolution avait une forte
tendance au compromis. Au lieu de soulever les larges masses
paysannes pour renverser la domination féodale de la classe
des propriétaires fonciers à la campagne, elle
céda, sous la pression de l'impérialisme et des
forces féodales, le pouvoir à Yuan Che-kai, seigneur
de guerre du Peiyang. Et ce fut l'échec de la révolution.
(18)Cette révolution,
connue également sous le nom de Première guerre
civile révolutionnaire, était une lutte anti-impérialiste
et antiféodale menée conjointement par le Parti
communiste chinois et le Kuomintang, et qui eut pour contenu
principal l'Expédition du Nord.
Après avoir consolidé
sa base d'appui dans le Kouangtong, l'Armée révolutionnaire
constituée par les deux partis marcha vers le nord en
juillet 1926 pour mener une expédition punitive contre
les seigneurs de guerre du Peïyang que soutenaient les impérialistes.
Avec l'appui chaleureux des larges masses d'ouvriers et de paysans,
elle réussit à occuper, au cours du deuxième
semestre de 1926 et du premier semestre de 1927, la majeure partie
des provinces dans les bassins du Yangtsé et du fleuve
Jaune.
Alors que la révolution
progressait avec succès, les deux cliques réactionnaires
au sein du Kuomintang, ayant respectivement Tchiang Kaî-chek
et Wang Tsing-wei pour chefs de file (elles représentaient
les intérêts de la bourgeoisie compradore et de
la classe des despotes locaux et des mauvais hobereaux), firent,
avec l'aide des impérialistes, deux coups d'Etat contre-révolutionnaires,
l'un en avril, l'autre en juillet 1927. Les idées de droite
au sein du Parti communiste chinois, dont le représentant
était Tchen Tou-sieou, ayant dégénéré
en une ligne capitulationniste, le Parti et le peuple ne purent
organiser une résistance efficace contre l'attaque lancée
brusquement par les cliques réactionnaires du Kuomintang,
ce qui fit échouer la révolution.
(19)Cette révolution,
connue également sous le nom de Deuxième guerre
civile révolutionnaire, était une lutte menée
de 1927 à 1937 par le peuple
chinois sous la direction du Parti communiste chinois et ayant
pour objectif principal l'instauration et l'extension du pouvoir
rouge, le développement de la révolution agraire
et la résistance armée contre la domination réactionnaire
du Kuomintang.
(20)Les quatre provinces du Nord-Est
étaient alors le Liaoning, le Kirin, le Heilongkiang et
le Jehol, qui correspondent actuellement aux provinces du Liaoning,
du Kirin et du Heilongkiang, à la partie nord-est du Hopei
située au nord de la Grande Muraille, et à la partie
est de la Région autonome de Mongolie intérieure.
Après l'Incident du 18 Septembre, les forces d'agression
japonaises s'emparèrent d'abord du Liaoning, du Kirin
et du Heilongkiang, et occupèrent plus tard, en 1933,
le Jehol.
(21)En 1956, l'Armée du
Kuomintang du Nord-
Est commandée par Tchang Hsiué-liang et l'Armée
du Kuomintang du Nord-Ouest commandée par Yang Hou-tcheng
étaient cantonnées à Sian et dans les régions
voisines; elles avaient pour tâche d'attaquer l'Armée
rouge chinoise, qui était arrivée dans le nord
du Chensi.
Influencées par l'Armée
rouge et le mouvement antijaponais du peuple, elles approuvèrent
le front uni national contre le Japon, proposé par le
Parti communiste chinois, et demandèrent à Tchiang
Kaï-chek de s'allier avec le Parti communiste pour résister
au Japon.
Tchiang Kaï-chek refusa
cette demande, se montra plus actif encore dans ses préparatifs
militaires pour l'"extermination des communistes" et
massacra à Sian la jeunesse antijaponaise. Tchang Hsiué-liang
et Yang Hou-tcheng, agissant de concert, se saisirent de Tchiang
Kaï-chek. Ce fut le fameux Incident de Sian du 12 décembre
1936.
Tchiang Kaï-chek fut forcé
d'accepter les conditions suivantes: alliance avec le Parti communiste
et résistance au Japon; puis il fut relâché
et re
tourna à Nankin.
(22)Tchen Tou-sieou était
un démocrate radical à l'époque du Mouvement
du 4 Mai. Ayant subi par la suite l'influence de la Révolution
socialiste d'Octobre, il devint l'un des fondateurs du Parti
communiste chinois. Pendant les six premières années
du Parti, il resta le principal dirigeant du Comité central.
Il était depuis longtemps
fortement imprégné d'idées déviationnistes
de droite, lesquelles dégénérèrent
en une ligne capitulationniste pendant la dernière période
de la révolution de 1924-1927. A cette époque,
les capitulationnistes représentés par Tchen Tou-sieou
"abandonnèrent volontairement la direction des masses
paysannes, de la petite bourgeoisie urbaine, de la moyenne bourgeoisie
et, en particulier, des forces armées, ce qui entraîna
la défaite de la révolution" ("La Situation
actuelle et nos tâches", uvres choisies de Mao
Tsétoung, tome IV).
Après la défaite
de la révolution en 1927, Tchen Tou-sieou et une poignée
d'autres capitulationnistes cédèrent au pessimisme,
perdirent confiance dans l'avenir de la révolution et
devinrent des liquidationnistes. Ils adoptèrent la position
réactionnaire trotskiste et formèrent avec les
trotskistes un groupuscule antiparti. En conséquence,
Tchen Tou-sieou fut expulsé du Parti en novembre 1929.
Il mourut de maladie en 1942.
(23)Pendant plusieurs décennies,
à partir de la fin du XVIIIe siècle, la Grande-Bretagne
fit entrer en Chine de l'opium en quantité de plus en
plus importante. L'opium importé intoxiquait dangereusement
le peuple chinois et drainait la monnaie argent de la Chine.
Des protestations s'élevèrent dans tout le pays.
En 1840, sous prétexte
de protéger son commerce, la Grande-Bretagne envoya des
troupes qui envahirent la Chine. Les troupes chinoises, sous
la conduite de Lin Tseh-siu, résistèrent, tandis
que le peuple de Canton organisait spontanément des "Corps
de répression antianglais" qui portèrent des
coups sévères aux envahisseurs.
Néanmoins, en 1842, le
gouvernement corrompu des Tsing conclut avec les agresseurs anglais
le "Traité de Nankin" aux termes duquel la Chine
dut payer des indemnités et céder Hongkong à
la Grande-Bretagne, et de plus ouvrir à son commerce les
ports de Changhaï, de Foutcheou, d'Amoy, de Ningpo et de
Canton, et fixer conjointement avec elle les tarifs douaniers
pour toutes les marchandises qu'elle introduirait en Chine.
(24)Guerre d'agression déclenchée
par l'impérialisme japonais contre la Corée et
la Chine. La grande masse des soldats et un certain nombre de
généraux patriotes chinois se battirent héroïquement.
Mais comme le gouvernement corrompu des
Tsing ne s'était nullement préparé à
résister à l'agression, la Chine fut défaite.
En 1895, le gouvernement des Tsing conclut avec le Japon l'humiliant
"Traité de Simonoseki".
(25) En 1905, Sun Yat-sen forma
le Kebming tongmenghouei (Ligue révolutionnaire) avec
le Hsingtchonghouei (Association pour la Régénération
de la Chine) pour base et deux autres organisations opposées
au régime des Tsing - le Houahsinghouei (Association pour
la Renaissance chinoise) et le K.ouangfouhouei (Association pour
le Rétablissement de la Chine).
C'est un parti révolutionnaire
bourgeois qui avait pour programme politique: "L'expulsion
des Tatars [des Mandchous], le relèvement de la Chine,
la fondation d'une république et l'égalisation
du droit à la propriété de la terre".
Réorganisé après la Révolution de
1911, ce parti devint le Kuomintang.
(26)V. I. Lénine: Notes
sur La Science de la
logique de Hegel, livre premier, première section:
''La détermination (qualité)" dans "Résumé
de La Science de la logique de Hegel".
(27)Chan hai king (Le Livre des
monts et des mers), uvre de l'époque des Royaumes
combattants (403-221 av. J.-C.). Kouafou est un être divin
décrit dans Chan hai king. On y dit:
"Kouafou poursuivit le soleil.
Quand celui-ci disparut à l'horizon, il ressentit la soif
et alla boire dans le Houangho et le Weichouei. Ces deux cours
d'eau ne lui suffisant pas, il courut vers le nord pour se désaltérer
au Grand Etang. Mais avant d'y arriver, il mourut de soif. Le
bâton qu'il laissa devint la forêt Teng."
(28)Yi, héros légendaire
de l'antiquité chinoise, célèbre pour son
adresse au tir à l'arc. Selon une légende dans
Houai nan tse, ouvrage composé au IIe siècle av.
J.-C., dix soleils apparurent simultanément au temps de
l'empereur Yao. Pour mettre fin aux dégâts causés
à la végétation par leur chaleur torride,
Yao ordonna à Yi de tirer contre les dix soleils. Une
autre légende, recueillie pat Wang Yi (IIe siècle),
dit que Yi abattit neuf des dix soleils.
(29)Si yeou ki (Le Pèlerinage
à l'Ouest), roman chinois fantastique du XVIe siècle.
Le héros du roman, Souen Wou-kong, est un singe divin,
capable d'opérer sur lui-même 72 métamorphoses.
Il pouvait, à volonté, se transformer en oiseau,
fauve, insecte, poisson, herbe, arbre, objets divers ou encore
prendre la forme humaine.
(30)Liao tchai tche yi (Contes
étranges de la
Chambre Sans-Souci), recueil de contes composé au XVIIe
siècle sous la dynastie des Tsing par Pou Song-ling sur
la base des légendes populaires qu'il avait recueillies.
L'ouvrage contient 431 récits, dont la plupart ont trait
à des fantômes, des renards ou autres êtres
surnaturels.
(31)K. Marx: "Introduction
à la critique de l'économie politique" (1857-1858)
dans Contribution à la critique de l'économie politique.
(32)Ce fut le premier pouvoir
instauré par le prolétariat dans le monde. Le 18
mars 1871, le prolétariat français s'insurgea à
Paris et s'empara du pouvoir. Le 28 mars fut fondée, par
voie d'élection, la Commune de Paris dirigée par
le prolétariat.
Elle constitue la première
tentative faite par la révolution prolétarienne
pour briser la machine d'Etat bourgeoise et une initiative de
grande envergure pour substituer le pouvoir du prolétariat
au pouvoir bourgeois renversé. Manquant de maturité,
le prolétariat français ne s'attacha pas à
s'unir aux masses paysannes, ses alliées, il se montra
d'une indulgence excessive à l'égard de la contre-révolution
et ne sut entreprendre des actions militaires énergiques
en temps utile.
Ainsi, la contre-révolution,
qui eut tout le temps de regrouper ses forces mises en déroute,
put revenir à la charge et massacra en masse ceux qui
avaient pris part à l'insurrection. La Commune de Paris
tomba le 28 mai.
(33)V. I. Lénine: "A
propos de la dialectique".
(34)Cette phrase se rencontre
pour la première fois dans les annales Tsien han chou
(tome XXX, "Yi wen tche"), rédigées par
Pan Kou, célèbre historien chinois du Ier siècle.
Par la suite, elle fut couramment employée.
(35)V. I. Lénine: "A
propos de la dialectique".
(36)L. Trotski (1879-1940), chef
d'un groupe antiléniniste au sein du mouvement révolutionnaire
russe qui devint par la suite membre d'une bande contre-révolutionnaire.
Il fut exclu du Parti par le Comité central du Parti communiste
de l'U.R.S.S. en 1927, expulsé par le gouvernement soviétique
en 1929 et privé de sa nationalité soviétique
en 1932. Il mourut à l'étranger en 1940.
(37)Renégat de la révolution
chinoise. Dans sa jeunesse, spéculant sur la révolution,
il adhéra au Parti communiste chinois.
Il commit dans le Parti un nombre
considérable d'erreurs qui dégénérèrent
en véritables crimes. Le plus connu fut celui de 1935,
lorsque, s'opposant à la marche de l'Armée rouge
vers le nord, il préconisa par esprit défaitiste
et liquidationniste la retraite de l'Armée rouge vers
les régions peuplées de minorités nationales,
situées à la limite du Setchouan et du Sikang (province
supprimée en 1955 et incorporée dans le Setchouan
et la Région autonome du Tibet); en outre, il se livra
ouvertement à une activité de trahison contre le
Parti et son Comité central, forma un pseudo-Comité
central et sapa l'unité du Parti et de l'Armée
rouge, faisant subir de lourdes pertes au IVe Front.
Cependant, grâce au patient
travail d'éducation accompli par le camarade Mao Tsétoung
et le Comité central du Parti, l'Armée rouge du
IVe Front et ses nombreux cadres revinrent rapidement se mettre
sous la juste direction du Comité central et jouèrent
un rôle honorable dans les luttes ultérieures. Quant
à Tchang Kouo-tao, il resta incorrigible: au printemps
de 1938, il s'enfuit seul de la région frontière
du Chensi-Kansou-Ninghsia et devint un agent des services secrets
du Kuomintang.
(38) V. I. Lénine: "Remarques
sur le livre de N. I. Boukharine: L'Economie de la -période
transitoire" (mai 1920).
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